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Jusqu’à quel point les localités d’importance secondaire ont-elles profité des efforts du clergé et de la société civile pour réparer les effets des guerres religieuses sur l’enseignement primaire ? Il y a un texte qui, malgré son antériorité, paraît pouvoir fournir une réponse à cette question. En 1531 , l’archevêque de Toulouse faisait appel à la bonne volonté des curés et des vicaires pour suppléer jusqu’à un certain point à la diminution des écoles particulière à son diocèse. Eh bien, nous croyons que, dans nombre de paroisses, cette bonne volonté n’avait pas été en défaut. De tout temps, d’ailleurs, la vocation charitable commune à tant de femmes a suscité des associations qui n’ont voulu s’astreindre qu’à des vœux volontaires et ont tenu à rester dans le monde pour ne lui faire rien perdre de leurs vertus. Par leurs services, qui consistaient en partie à donner une instruction élémentaire aux filles des champs, elles ont rendu populaires les noms de filles dévotes et de béates. On peut faire remonter jusqu’à la seconde moitié du XVIe siècle les congrégations séculaires de filles dévotes appartenant au tiers ordre de Saint-François et de Saint-Dominique qui se livraient à l’enseignement dans les campagnes. C’était particulièrement en Bretagne que ce genre de dévouement se donnait carrière. Ces femmes ne vivaient pas toujours en communauté. Renonçant au mariage pour se vouer entièrement à l’éducation et au soin des malades, elles s’associaient, dans leur tâche pédagogique et dans leur ménage, une de leurs élèves qui partageait leur vie et leur succédait.

Ces réserves faites, on a le droit d’adopter comme conclusion sur l’état de l’enseignement populaire à la fin du XVIe siècle, la constatation faite par Henri IV dans des lettres patentes de juin 1590, à savoir que « l’ignorance prenait cours dans le royaume par la longueur des guerres civiles. »

Le lecteur pourrait croire, d’après ce qui précède, que le personnel enseignant relevait toujours de l’Eglise. Ce serait une erreur. A côté des écoles d’origine ecclésiastique, — petites écoles ou écoles de grammaire, écoles rurales abécédaires, — qui étaient souvent tenues par un prêtre à la nomination de l’évêque ou du curé, il y avait des écoles municipales. Aux Etats d’Orléans de 1560, le Tiers demanda que la nomination et la révocation de l’instituteur fussent décidées par l’accord du chapitre dont dépendait la prébende préceptoriale, de la municipalité et de