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FÉNELON
AVANT LE
PRÉCEPTORAT DU DUC DE BOURGOGNE


Maurice Masson, Fénelon et Madame Guyon ; Hachette. — L’abbé Bertrand, Lettres choisies de M. Tronson ; Lecoffre. — Eugène Griselle, Bourdaloue ; Beauchesne. — Delacroix, Études d’histoire et de psychologie du mysticisme ; Alcan.


Le XIXe siècle a manqué d’indulgence pouf Fénelon : Fénelon avait à se défendre contre Bossuet et Saint-Simon, contre la condamnation des Maximes des Saints, contre l’admiration du XVIIIe siècle. Il gardait pourtant des fidèles ; mais ils se taisaient et leur admiration était un culte secret. Or, maintenant, ils osent parler. Ils espèrent que le XXe siècle sera plus équitable. De fait, les érudits viennent à leur secours. Tous les documens nouveaux qu’on produit révèlent des raisons sérieuses d’aimer Fénelon ; tous, ils le justifient de quelque grief trop complaisamment écouté. M. l’abbé Urbain, M. l’abbé Griselle, puis, incidemment, le regretté abbé Bertrand, l’auteur de la Bibliothèque Sulpicienne, enfin, sans parler d’un plaidoyer chaleureux de M. l’abbé Cagnac ni des excellentes analyses de M. Delacroix, une publication magistrale de M. Maurice Masson nous montrent un Fénelon qui déconcerte parfois les jugemens tout faits (étant plus complexe encore qu’on ne le croyait), mais qui ne déçoit jamais la sympathie. « Vu la naturelle instabilité de nos mœurs et opinions, dit Montaigne, il m’a semblé souvent que les bons auteurs mêmes ont tort de s’opiniâtrer à former de nous