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Saône-et-Loire, ont été à cet égard singulièrement instructives.

Ici et là, il s’agissait de remplacer des radicaux-socialistes, et non des moindres : l’un était M. Sarrien, devenu sénateur, et l’autre le regretté M. Maruéjouls, galant homme, esprit distingué et fin, que nous ne savons quel entraînement des circonstances avait conduit dans des rangs politiques où on s’étonnait de le trouver. Quant à M. Sarrien, le rôle important qu’il a joué à diverses reprises est bien connu : finalement il a présidé aux élections dernières et il a pu assez légitimement s’attribuer, au moins en partie, le mérite de la victoire que son parti y a remportée. On devait donc croire que l’arrondissement de Charolles qu’il représentait, et que celui de Villefranche que représentait M. Maruéjouls, appartenaient à l’opinion radicale et lui resteraient fidèles. Cela paraissait plus particulièrement vrai du premier où M. Sarrien, en se retirant au Sénat, avait mis en ligne son fils, M. Pierre Sarrien. Dans les deux circonscriptions, il y a eu ballottage. Après le premier tour de scrutin, les deux candidats radicaux, M. Pierre Sarrien et M. Bos, tenaient la tête ; mais des candidats (socialistes unifiés avaient récolté un nombre de voix considérable, et la question était de savoir ce qu’ils feraient au second tour : se retireraient-ils en reportant leurs voix sur les radicaux ? se maintiendraient-ils en cherchant des alliés pour les battre ? Les alliés étaient tout trouvés : c’étaient les conservateurs. Leurs candidats, au premier tour de scrutin, avaient réuni un contingent de voix qui leur permettait de faire pencher la balance du côté où ils se porteraient. La tentation était grande, pour les unifiés et pour les conservateurs, de se mettre d’accord contre les radicaux dont ils estimaient avoir également à se plaindre : ils y ont succombé. Nous n’en félicitons pas les conservateurs : ils ont cédé une fois de plus à un calcul qui leur a toujours mal réussi et qui consiste à vouloir faire sortir le bien de l’excès du mal. Le bien sort rarement de l’excès du mal, et, du mal une fois accompli, il reste toujours quelque chose. Mais nous ne faisons pas en ce moment de la morale politique, nous constatons des faits. A Charolles, M. Pierre Sarrien a été battu par M. Ducarouge, et à Villeneuve, M. Bos l’a été par M. Cabrol. Cette double défaite a causé une vive émotion parmi les radicaux. Si elle leur servait de leçon, il faudrait s’en féliciter. Ils croient pouvoir, à la Chambre, se passer des modérés, et même les exclure du parti républicain ; mais sur le terrain électoral, ils ne peuvent même pas se passer des conservateurs ; ils ne l’ont pas ! pu du moins à Charolles et à Villeneuve. Leur seule ressource a été de crier au scandale