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portantes rectangulaires identiques et si, pour mieux fixer les idées, nous supposons, comme le fait M. V. Tatin dans ses Élémens d’aviation, — où cette question de l’envergure est très clairement présentée, — que ces deux surfaces aient 12 mètres sur 2, soient animées de la même vitesse, 15 mètres à la seconde, par exemple, et soient inclinées du même angle sur l’horizon, il est évident que celle qui progressera par son petit côté ne s’appuiera, au bout d’une seconde de parcours, que sur une couche d’air de 30 mètres carrés, tandis que celle qui progressera par son plus grand côté devra sa sustentation, au bout du même temps, à une couche d’air de 180 mètres carrés, c’est-à-dire six fois plus grande. De plus, dans la progression d’une telle surface par le bord le plus étroit, l’observation montre que les filets d’air qui la rencontrent perpendiculairement à sa ligne de marche, d’abord parallèles entre eux, — nous supposons toujours l’aéroplane s’avançant dans un air calme, — tendent à se dérober à l’attaque et à fuir par les côtés latéraux, tandis que, dans la progression par le bord le plus large, forcés de rester parallèles, ils ne peuvent échapper et présentent à la surface portante toute la résistance dont ils sont capables, seuls, les filets avoisinant les côtés latéraux, se séparant des autres, s’échappant sans avoir pleinement contribué à la sustentation.

Conclusion : un aéroplane, pour se soutenir dans les meilleures conditions, doit donc se présenter sous la forme d’un grand oiseau qui plane, les ailes parfaitement immobiles, complètement déployées et légèrement incurvées. C’est ainsi que se présentent, actuellement, tous les aéroplanes, et les 50 mètres carrés de surface portante du Wright, par exemple, ne lui permettent d’enlever et de propulser ses 450 kg. de poids total, pilote compris, à la vitesse de régime relativement faible de 15 mètres à la seconde, environ, que parce que, dans cet autoplaneur, les deux lois fondamentales de l’envergure et de l’incurvation des surfaces sont rigoureusement et rationnellement observées.

Mais si le pouvoir portant de l’air est 800 fois moindre, environ, que celui de l’eau, en revanche, sa résistance à l’avancement est diminuée dans les mêmes proportions. De là résulte que la force de traction nécessaire à la marche d’un aéroplane est relativement faible : 90 kg. environ pour le Wright. Par suite,