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velle du gouvernement ne réveille les impatiences éteintes et ne donne à la fois de l’opportunité aux réformes et de la hardiesse à la Commission. L’existence de celle-ci peut être, en somme, regardée comme une sorte de Mémento, homo ! adressé à qui de droit. Mais la Commission, elle aussi, doit être modeste et prudente : à se faire illusion sur l’importance de ses pouvoirs, elle les verrait se résoudre eu poussière entre ses mains.

Lorsque M. de Bülow, ces jours derniers, a reparu devant le Reichstag, il avait retrouvé l’humeur facile, heureuse, spirituelle, enjouée qu’on lui connaît, et il a prononcé sur la politique étrangère, si obscure en ce moment et si embrouillée, un discours vraiment optimiste. Il a eu un mot aimable pour tout le monde, gouvernemens et nations, même pour nous, quoique le paragraphe qui nous est consacré contienne un avertissement sur lequel l’habile et souple orateur a glissé d’ailleurs sans appuyer. Nous en parlerons tout de suite afin de n’avoir plus à nous en occuper, car l’intérêt principal du discours n’est pas là. « Pour ce qui est de nos relations avec la Fiance, je reconnais, a dit M. de Bülow, que le problème marocain recèle encore maintes difficultés ; mais j’espère que, grâce à la bonne volonté qui existe de toutes parts, il sera possible d’arriver à une entente dans les questions qui peuvent surgir de nouveau. » Et M. de Bülow a rappelé à ce propos le règlement amiable de l’incident qui s’est formé autour des déserteurs de Casablanca. Il a expliqué pourquoi le gouvernement impérial, après avoir pris connaissance des rapports officiels que nous lui avions communiqués, a reconnu qu’il y avait contradiction sur la matérialité des faits entre nos agens et les siens, et que dès lors, jusqu’au moment où on saurait définitivement à quoi s’en tenir, il n’y avait pas lieu à l’expression de regrets préalables. Nous voilà d’accord. Il importe peu que le gouvernement allemand soit arrivé à la même conclusion que nous par une voie différente : il y est arrivé, cela suffit. On a fait preuve, de part et d’autre, d’une égale bonne volonté, et si on y persévère, les difficultés futures, que M. de Bülow prévoit en termes si nets, se résoudront de la même manière. Pour le reste, c’est-à-dire pour la politique orientale, M. de Bülow s’est réjoui qu’il n’y ait pas opposition d’intérêts entre la France et l’Allemagne, et même que la politique des deux pays se soit trouvée avoir dès points de contact. « Dans l’examen des situations, a-t-il dit, comme à propos de plusieurs démarches diplomatiques, les deux gouvernemens ont montré qu’ils savaient apprécier cette circonstance favorable. » Cela est vrai et, à notre tour, nous ne saurions trop nous en féliciter