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d’immérités ; dans les deux cas, sa mère, amie fidèle et vaillante, recevait les contre-coups. Madame a toujours soutenu que ses enfans lui avaient apporté plus de peines que de joies. Ainsi la maternité n’avait pas été pour elle le bonheur éclatant qui console de tout.


III

On sait par une Relation[1]allemande que la disgrâce de Madame paraissait sans remède dès avant le mariage forcé de son fils. L’auteur de ce mémoire, Ezéchiel Spanheim, envoyé de Brandebourg à Paris, s’y montre très bien informé des cabales, ou des dissentimens, qui avaient coûté à Liselotte « la confiance et l’affection de Monsieur » et « la considération particulière que le Roi avait eue assez longtemps pour elle. » Il en augurait mal de l’avenir pour « cette bonne princesse, » ainsi qu’il l’appelle. Les mêmes causes continuant d’agir puisque le chevalier de Lorraine était toujours tout-puissant, Madame toujours incapable de « se contraindre… dans les rencontres » et de plus en plus anti-française, Spanheim, qui l’aimait et la plaignait, ne voyait « guère d’apparence que sa condition devînt plus heureuse avec le temps. »

C’était une impression assez générale. Les ambassadeurs étrangers, observateurs par métier, étaient tous frappés de cette princesse qu’on sentait si lointaine, qui vivait isolée dans la plus grande cohue du monde, et « n’avait jamais l’air chez soi[2] » nulle part. Pour des hommes politiques, la leçon était grave Depuis que le chagrin avait éveillé sa sensibilité, Madame était le vivant symbole de l’incompatibilité « d’alors, » — et de tous les temps, — « entre la nature des Allemands et celle des Français[3]. « L’impossibilité de se comprendre éclatait dans sa personne et ses paroles avec une telle évidence qu’on ne voit pas comment les choses auraient pu tourner autrement pour elle si Mme de Maintenon, qu’elle accusait, de tous ses maux, n’avait pas existé. Les raisons qui ont rendu la princesse Liselotte justement

  1. Ézéchiel Spanheim (1629-1710) avait été longtemps au service du père de Madame. Il représenta le Brandebourg à Paris de 1680 à 1689, et de 1698 à 1701. Sa Relation de la Cour de France est de 1690. Publiée par la Société de l’Histoire de France, chez Renouard (Paris, 1882, 1 vol. in-8o).
  2. Französische Geschichte, par Léopold Ranke, t. VI, préface, p. 3.
  3. Id.. ibid.