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ouvrages de l’année, celui-ci se distingue par ce double caractère d’histoire et d’art, le format somptueux, l’originalité des compositions, le soin typographique et la savante préface qui l’accompagne. n est dû à l’un des maîtres de la critique, M. André Michel, sous la direction duquel est publiée l’Histoire de l’Art, — dont le tome III (le Style flamboyant)[1] vient de paraître. L’avant-propos de M. le vicomte Eugène-Melchior de Vogué, magnifique introduction à ce bel album, explique et justifie l’admiration, et ennoblit en quelque sorte l’humanité du sujet en reliant étroitement le texte à l’inspiration de l’artiste. Tous ceux qui ont vu, dans la petite salle de l’avenue d’Antin, au dernier Salon, l’exposition des dessins commentant les Paraboles, ont éprouvé la forte impression que l’on ressent en face d’une œuvre. Ce fut une révélation, et l’on se rappelle l’analyse si subtile et si juste et l’éloge que fit ici même M. Robert de la Sizeranne de ces compositions où M. Burnand « n’a cherché ni les figures du temps du Christ, ni les figures de notre temps, mais des figures humaines, ne pensant pas que les contes qu’il a contés fussent d’un temps ancien, ni d’un temps nouveau, mais les croyant choses de toujours. » L’ampleur du style, le sens du pittoresque et de la mise en scène, le dessin solide, nourri, parfois un peu lourd, sont bien ce qui convient pour rendre les diverses impressions que prête le livre saint aux personnages des Paraboles, et, dans les tableaux mêmes où se mêle la foule, chacun a sa physionomie propre. L’artiste s’est attaché à la seule vérité psychologique ; il n’a cherché à mettre en lumière que les vérités éternelles que traduisent les Paraboles. Cette œuvre, le vicomte Eugène-Melchior de Vogüé l’a caractérisée ainsi : « Inspirée et naturelle, maîtresse de méditation, d’apaisement, de beauté morale, elle nous montre une humanité qui ne renonce ni à ses chers souvenirs, ni à ses espérances célestes, ni à la raison : tous ces personnages sont si raisonnables dans leur ferveur tranquille ! » L’inspiration de M. Eugène Burnand n’a pas cet idéal, cette flamme pure, cette beauté d’expression des préraphaélites et de quelques primitifs de nos grandes écoles, dont la foi était plus édifiante, la naïveté plus touchante, l’expression plus sublime et plus suave ; mais elle éveille toujours une idée de large humanité. On sait quelle sincérité le peintre a toujours observée dans ses paysages. Tout en parcourant la plaine et la montagne, il remplissait son âme du spectacle de la nature. Elles prirent une voix, celle des Paraboles, et elles chantèrent selon que son inspiration s’éveilla pour en

  1. Armand Colin.