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Le conservateur fui d’abord le peintre Van Blarenberghe, fils de l’auteur des gouaches de Versailles.

Le nombre des tableaux de 274, en 1850, monta à 759, en 1875. Le musée avait été aménagé, en 1848, à l’étage supérieur de l’Hôtel de Ville. De 1888 date le transfert de la galerie dans un Palais des Beaux-Arts, édifice prétentieux, malheureusement peu approprié à son usage. Le musée a reçu de l’État 222 œuvres, dont des toiles du Guide, du Tintoret, d’André del Sarto, de Rubens, de Van Dyck, de Simon de Vos, de Lebrun, Restout, M. Jouvenet, Boucher, Mignard, Cl. Lorrain, Lagrenée, Hallé, Lépicié, Nanteuil, Delacroix, Troyon, Courbet, Harpignies, Bonnat. Mais les plus riches donations ont été celles de la collection Wicar, d’un grand amateur lillois, Alexandre Leleux, et d’Antoine Brasseur. Au 1er janvier 1908, l’inventaire comprenait 1 300 pièces. La mainmise sur les Églises par l’État, comme tout régime de spoliation, ne peut que l’enrichir encore. La collection lilloise est sans conteste la plus importante de la France provinciale. La variété en égale la qualité ; l’art ancien comme l’art moderne y occupe sa place ; les écoles d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne, comme celles de France, d’Italie, de Flandre et de Hollande y sont représentées : mais ce sont ces deux dernières qui le sont le mieux. Elles occupent tout un volume, sur les trois dont se compose cet album. La collection contient maints chefs-d’œuvre dont la connaissance est indispensable à celle de l’art d’un Lambert d’Amsterdam, d’un Cornelis van der Voort, d’un Johannes Verspronck, d’un Pieter Codde, d’un Guilliam van Honthorsf, d’un Bartholomeus van der Helst, d’un Emanuel de Witte, d’un Isack van Ostade, d’un Richard Brakenburgh, d’un Jan Wonck, sans parler des maîtres hollandais, plus célèbres et plus universellement connus. L’intérêt historique ne suffit pas à la recommander ; c’est un véritable enchantement des yeux. Les photographies ont été tirées avec les derniers perfectionnemens de l’autochromatisme. Aucune retouche n’a été apportée aux clichés et le transfert sur le cuivre n’a comporté nulle recherche d’effet : seulement chacune des planches offre une tonalité appropriée afin de mieux rappeler l’aspect et la patine des originaux.

Pour qu’un livre soit vraiment beau, il doit y avoir un rapport harmonique entre l’idée exprimée, la nature du dessin et la forme du caractère même. Les Paraboles[1], qu’édite avec tant de luxe et de goût la librairie Berger-Levrault, après en avoir commandé l’illustration à M. Eugène Burnand, remplissent ces conditions. Entre tous les

  1. Berger-Levrault.