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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE FEMME-POÈTE ANGLAISE :
CHRISTINA ROSSETTI


Family Letters of Christina Rossetli, edited by William Michael Rossetti. Un vol. in-8 illustré, Londres, 1909.


Lorsque, peu de temps après la chute du roi Murat, le poète, philologue, et c(patriote » napolitain Gabriele Rossetti vint se fixer à Londres, — où il devait épouser bientôt une jeune Italienne, Francesca Lavinia Polidori, — il ne se doutait point que ce « déracinement » dût faire perdre à sa chère Italie un trésor Je vivante et glorieuse beauté. Et vraiment, à se placer même au point de vue impartial de l’histoire des arts, on ne peut s’empêcher de déplorer que le hasard passager de la politique ait, à jamais, dépossédé les lettres et la peinture italiennes de l’œuvre admirable de Dante-Gabriel Rossetti et de ses deux sœurs : car non seulement cette œuvre aurait dû leur appartenir, étant tout imprégnée du plus pur génie de leur race, mais peut-être la chaude et bienfaisante lumière latine, si le destin avait permis aux trois Rossetti d’en recevoir les rayons plus directement, aurait-elle valu à leurs poèmes, comme aussi aux peintures du plus célèbre d’entre eux, une allure plus libre et une plus parfaite intensité d’expression, tandis que leur forme présente prête toujours jusqu’à leurs chefs-d’œuvre l’apparence un peu maladive de fleurs poussées sur une terre et sous un soleil étrangers. Fleurs incomparablement délicates et charmantes, cependant, chacune avec sa couleur et son parfum propres ; et toute occasion nous est bienvenue qui, comme la