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Courtin lui signifie, qu’elle est excédée de ses assiduités ; en fait, elle a un béguin pour un jeune homme de son monde, le petit d’Auberval. Mais le cynique Biron n’accepte pas son congé. Peu lui importe que Thérèse ne l’aime plus ou ne l’ait jamais aimé. Ce n’est pas l’amour qu’il veut, c’est la femme. Et il l’aura. Car il connaît les embarras financiers du ménage ; même il y contribue, en donnant à Courtin de perlides conseils de Bourse qui lui ont fait perdre de grosses sommes. Biron aura son heure, l’heure du banquier. Une circonstance va la hâter : les scandales du Foyer, l’œuvre charitable qu’administre le baron Courtin.

Ce qui se passe au Foyer est tout simplement horrible. Sous couleur de recueillir les petites filles et de les protéger contre la misère, on les exploite, on les martyrise, — et on les pervertit ! Tout enfin, et le reste. Il y a une de ces petites qu’on a laissée vingt-quatre heures dans un placard, et qui y est morte. Il y en a d’autres qu’on a fouettées jusqu’au sang, et qui ont dû s’aliter, malades, blessées. C’est un comité de tortionnaires que préside le philanthrope Courtin. Quant aux insinuations de l’aumônier, impossible de « les reproduire ici. Ce Foyer devrait s’appeler la Sentine.

Toutes ces malpropretés remplissent le premier acte qui en est farci, bourré, bondé à en crever : il en reste pour le second. Cette fois, c’est la gestion financière du baron qui est visée. Il voudrait renvoyer la directrice sur laquelle retombe la responsabilité des flagellations et autres atrocités sus-énoncées ; et Mme Rambert consent bien à partir, mais pas avant que la comptabilité ne soit mise en ordre. On devine qu’elle en sait long, el on sent qu’elle est femme à manger le morceau. D’autre part, un agent du gouvernement, Arnaud Tripier, fait savoir à Courtin que, s’il ne renonce pas à prendre la parole dans la discussion sur la loi de l’enseignement, on lui demandera compte des cent mille francs du pari mutuel. Courtin est acculé à remettre dans la caisse du Foyer trois cent mille francs qu’il a escroqués et dont il n’a plus le premier sou. Quel moyen de les trouver ? Il y en a un, et un seul. Que sa femme aille chez Biron ! Et comme celle-ci refuse, se révolte, il la presse, il la supplie, il l’injurie... C’est la situation des Vainqueurs, mais retournée et aggravée. Au lieu que Daygrand défendait à sa femme de recevoir les trois cent mille francs de son amant, le baron Courtin veut que Thérèse les demande à Biron : c’est elle qui résiste... Résistance qui durera juste le temps de mêler quelques pleurnicheries aux larmes de crocodile du baron.

Auprès du dernier acte, on en vient à trouver que les deux