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L’ŒUVRE DE LA CONFÉRENCE DE BERLIN
SUR
LA PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE[1]

Les délégués de tous les pays du monde étaient à peine arrivés à Berlin, vers la mi-octobre, lorsque, tout à coup, l’Allemagne nous chercha la mauvaise querelle des déserteurs de Casablanca. La Conférence avait commencé ses travaux ; elle les poursuivit durant des jours où l’on pouvait se demander si la paix n’allait pas être troublée. C’est la première fois qu’une assemblée internationale de jurisconsultes, d’écrivains, d’artistes, de diplomates, réunis pour une des œuvres les plus nobles de la paix, la défense des droits de la pensée, discute au bruit des menaces de guerre. Cependant l’activité de la Conférence n’en a été ni altérée, ni ralentie ; il est même probable que la présence et l’autorité de tant d’hommes, habitués à la recherche de l’utile et du vrai, ont aidé à faire accepter chez nos voisins la solution raisonnable et juste. Les nuages étaient éclaircis quand la Conférence s’est dissoute, et l’œuvre qu’elle a édifiée, la nouvelle Convention de Berne, ne porte nulle trace des circonstances singulières qui auraient pu l’empêcher de naître.

C’est une nouvelle Convention. La Conférence en effet, ayant à réviser la Convention primitive de 1866, modifiée une première fois, à Paris, en 1896, aurait pu se borner à retoucher

  1. Voyez la Revue du 1er octobre. — La délégation française comptait parmi ses membres MM. Ernest Lavisse et Paul Hervieu, de l’Académie française, Louis Renault, de l’Institut, Gavarry et Georges Lecomte. M. Renault a été cette fois encore président et rapporteur de la commission de rédaction.