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mais elle l’a mise en contradiction avec elle-même, avec sa propre évolution et ses propres intérêts. Aux approches d’un règne nouveau, l’Autriche-Hongrie semble chercher la formule de son avenir. Sous l’influence de vieilles forces historiques, renouvelées et transformées par les courans nouveaux d’idées qui règnent dans toute l’Europe moderne, une évolution interne s’accomplit en elle ; elle va vers un régime plus démocratique et plus fédéral. Le vieil Empire dualiste, féodal, bureaucratique et joséphiste subit la loi de tout ce qui vit, il se transforme. Suffrage universel en deçà de la Leytha, et, au delà, réforme électorale aboutissant à une large extension du suffrage, triomphe des « chrétiens sociaux » à Vienne et dans toute l’Autriche proprement dite, gouvernement, en Hongrie, du parti national de M. François Kossuth uni à tous les partis populaires, défaite générale du vieux libéralisme doctrinaire et germanophile : autant de symptômes des tendances nouvelles qui l’emportent dans l’Empire. Le sens général de cette évolution portera naturellement le gouvernement impérial à faire une plus grande place aux Slaves ; il a besoin d’eux, au Nord pour tenir tête à une menace, toujours possible, du germanisme envahissant, et, à l’Est, pour résister aux exigences, parfois excessives, du magyarisme ; l’Empire dualiste semble en marche vers le trialisme, ou vers un régime fédératif. Ces nouvelles tendances dans le gouvernement de l’Empire caractérisent, dit-on, les vues personnelles de l’archiduc héritier François-Ferdinand, dont l’influence dans les conseils de l’Etat va grandissant, et annonce l’orientation future de son règne. Le vieil empereur personnifie l’Autriche de Metternich et de la Sainte-Alliance ; son successeur s’appuiera sur d’autres forces.

Ainsi apparaît en pleine lumière la contradiction intime entre les intentions du Ballplatz et les procédés dont il s’est servi pour les réaliser. L’annexion était peut-être nécessaire pour achever la liquidation du passé et établir en Bosnie une situation nette ; mais il aurait fallu la rendre acceptable eu l’expliquant, en faisant entrer, sans délai, la Bosnie-Herzégovine dans le système austro-hongrois, avec un statut particulier qui aurait sauvegardé sa personnalité et l’aurait rassurée sur les conséquences de l’annexion. On ne fera pas la politique nouvelle, dont l’Autriche a besoin, avec les maximes et les procédés de Metternich et de Bismarck. En essayant d’étouffer le mouvement