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concernant la guerre, ainsi que pour le vote décisif par lequel il avait concouru à l’œuvre de l’unité allemande. Il était convaincu que la communauté politique des Allemands se développerait d’une manière d’autant plus féconde que les bases de cette communauté avaient été calculées et offertes par les alliés du Sud, d’après leur libre détermination et leur appréciation personnelle des besoins de leurs peuples. Il espérait que les Parlemens de ces Etats suivraient leurs gouvernemens dans cette voie. Il avait reçu avec émotion la lettre du roi de Bavière, qui l’invitait à rétablir la dignité impériale de l’ancien Etat allemand. Il était heureux de trouver dans l’adresse du Reichstag la confirmation de ce vœu. « Mais ce n’est, disait-il, que dans le suffrage unanime des princes allemands et des villes libres, et dans l’unanimité aussi des vœux exprimés par la nation allemande et par ses représentans, que je reconnaîtrai la voix de la Providence à laquelle je dois obéir avec confiance. » Le prince royal Frédéric rapporte ainsi cette scène historique dans son journal : « Le président Simson laissait couler de douces larmes et, à vrai dire, il n’y avait pas un œil qui restât sec lors de la lecture de l’Adresse. La réponse du Roi suivit avec quelque hésitation, car il ne lit plus facilement sans lunettes. Mais lui aussi avait peine à retenir son émotion. Puis eut lieu la présentation des députés au Roi. Pendant toute la cérémonie, le Mont-Valérien tira. Dans la ville, les habitans s’étaient retirés dans leurs maisons... Après la cérémonie, le Roi fut très gai. Il paraissait comme allégé d’un poids. La situation que la famille royale aura dans l’avenir n’est pas encore nettement définie. Je suis profondément oppose à ce titre d’Altesse impériale. » Cette opposition ne devait guère durer.

Les Parlemens de Carlsruhe, de Darmstadt et de Wurtemberg donnèrent leur assentiment à la nouvelle Constitution avant le 1er janvier 1871 ; seul, le Parlement bavarois fit toute sorte d’objections à l’hégémonie de la Prusse et sembla même conclure au rejet du traité. Cette résistance prolongée paraîtrait indiquer que le roi de Bavière, qui regrettait de n’avoir pas obtenu que la dynastie de Wittelsbach pût avoir la présidence alternative de la Fédération des Etats, suscitait secrètement des obstacles à la réalisation dos desseins de Bismarck. Celui-ci, avec l’assentiment du roi Guillaume, résolut de faire procéder à la proclamation de l’Empire allemand, contrairement à la déclaration