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commandée par un capitaine, complotant à 36 le nombre des caissons du groupe. Il n’y aurait donc de changement ni dans la longueur de la colonne, ni dans la lourdeur du groupe ou de la batterie. Il y aurait pourtant un sérieux avantage : le capitaine commandant la colonne de munitions n’aurait pas besoin d’être un chef d’élite, comme le commandant d’une batterie de tir ; il lui suffirait d’être un brave serviteur, et il n’en manque pas dans notre armée.

Quant à la difficulté de déployer une ligne de batterie de 6 pièces, j’avoue ne pas comprendre l’objection. Dans l’ensemble, un corps d’armée a un certain nombre de bouches à feu, 92 ou 144, il n’importe ; comment aurait-il plus de difficulté à les déployer si elles sont réparties en unités de 4 ou de 6 canons ?

Ces objections sont les sophismes de ceux qui ne s’élèvent pas au-dessus des détails et auxquels l’ensemble échappe. On a mis aussi en avant des difficultés de commandement, en envisageant toujours la batterie. Mais si l’on voit plus haut, il en est tout autrement ; voici comment un officier allemand répond à ces objections spécieuses : « Dans le feu d’une ligne d’artillerie, il importe que le commandement réussisse à diriger toutes les 36 pièces sur le but exact. Qui pourrait prétendre que c’est plus difficile pour 6 batteries que pour 9 ? Pour la désignation des objectifs et le réglage du tir, la répartition en 6 est plus favorable, toujours pour le même nombre total de canons. Avec un plus grand nombre d’unités, les tranches attribuées à chacune d’elles sont plus étroites, l’observation des coups est plus difficile, et le réglage en est retardé. Pour le réglage, 18 batteries de 4 pièces dépensent une fois et demie plus de coups que 12 batteries à 6 pièces. »

Pourquoi ces raisons ne touchent-elles pas tous nos artilleurs ? Le capitaine français Culmann l’explique : « En France, on ne s’occupe que de la facilité du commandement du capitaine ; est-ce d’un point de vue aussi étroit qu’on envisage un problème d’une telle gravité ? »

Une seule objection mérite d’être retenue : la batterie à 6 pièces demande de nouvelles méthodes de tir dont l’étude ferait perdre à nos artilleurs le bénéfice de l’acquis ? Cette objection est sérieuse. Pour en examiner le bien fondé, on a exécuté devant la commission de l’Armée de la Chambre, des expériences