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forcerait à créer le personnel de 285 batteries nouvelles. Espère-t-on les faire sortir de terre instantanément ? espère-t-on fabriquer en quelques jours les munitions qui leur seront nécessaires ? espère-t-on former en peu de temps 285 commandans de batterie, en état de manier un outil aussi délicat que le canon à tir rapide et d’en obtenir un bon rendement ? Avec la meilleure volonté du monde, il faudra beaucoup de temps pour atteindre le résultat poursuivi.

Devant la résistance légitime soulevée par un pareil projet, les pouvoirs publics ont transigé, et un nouveau projet, sur les mêmes principes, mais mitigé, est en ce moment à l’examen. Il consiste à créer un moins grand nombre de batteries, toujours à i4pièces, de manière à doter chacun de nos corps d’armée de 120 canons au lieu de 144. Rien ne justifie ce nouveau chiffre ; nous continuerons à avoir une artillerie numériquement inférieure à celle de nos voisins, laissant ainsi à nos fantassins une inquiétude justifiée. Cette nouvelle solution coûterait encore fort cher ; plus cher proportionnellement que la première, car dans ce deuxième projet on porte à un chiffre plus élevé le personnel en hommes et en chevaux de chaque batterie. De plus, dans peu de temps, on sentirait la nécessité impérieuse d’une nouvelle augmentation, d’où résulterait une dépense totale supérieure certainement à l’évaluation budgétaire du premier projet. Cette perspective est peu rassurante pour nos finances.

Un autre système consiste à revenir simplement à la batterie de 6 pièces. La batterie actuelle ayant conservé l’effectif qu’elle avait au moment de la transformation du matériel, cette deuxième solution serait peu coûteuse. Il suffirait de doter les régimens de quelques chevaux supplémentaires. Cette idée a soulevé beaucoup d’objections dont quelques-unes sont sans valeur. On a prétendu que la batterie serait plus lourde, car il lui faut un premier approvisionnement de trois caissons par pièce ; ce serait une augmentation de huit voitures pour l’unité. On a dit aussi que la longueur de la colonne serait augmentée ; enfin que la batterie de 6 pièces ne trouverait pas d’emplacement suffisant sur le champ de bataille. Le groupe actuel comporte trois batteries de 4 pièces, soit 12 canons avec 36 caissons, commandées par trois capitaines. Le groupe nouveau se composerait de deux batteries de 6 pièces, ayant un même effectif de voitures qu’aujourd’hui et d’une colonne de munitions