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fatalement par des pertes en hommes. » En comptant sur une dépense, par journée de combat, de 500 coups par pièce et de 200 cartouches par fusil, nous restons probablement au-dessous de la réalité, si nous voulons appuyer nos attaques comme l’armement actuel le permet. Cette évaluation répond, pour une armée de quatre corps, à 92 canons seulement chacun, à un poids de 2 500 tonnes de munitions environ. Chaque corps d’armée a, dans son approvisionnement propre, les munitions nécessaires à un premier jour de bataille ; mais ensuite, il doit les recevoir de l’arrière.

En ce moment, l’organisation du service de l’arrière ne répond certainement pas aux ravitaillemens à prévoir. Les munitions des parcs d’armée, dont la quotité a été déterminée d’après les anciens erremens, sont répartis en 5 échelons, comportant chacun un cinquième de l’approvisionnement de cet organe. Un seul de ces échelons est sur des voitures attelées ; tout le reste doit venir par chemin de fer.

Si le rail arrive, pour ainsi dire, sur le champ de bataille, si, grâce à une initiative remarquable, à une activité inlassable, à une grande intelligence de la situation, le service de l’arrière fait tout pour charger les trains et les expédier, si le service des chemins de fer montre une semblable activité, si enfin il ne se produit aucun incident, l’armée peut espérer recevoir, pour le deuxième jour, la valeur de son approvisionnement de grand parc. Mais supposons l’armée éloignée de la voie ferrée, de deux étapes seulement : est-ce avec les quelques voitures de son premier échelon et avec des convois réquisitionnés qu’on lui amènera 2 500 tonnes par jour, soit 12 500 tonnes pour 20 corps d’armée ? Il y a donc nécessité absolue, avant le renforcement de l’artillerie, d’organiser des moyens de ravitaillement répondant aux énormes besoins à prévoir. L’automobilisme seul peut résoudre la question. Il ne s’agit nullement de constituer, pour l’armée, un approvisionnement d’automobiles poids lourds, qui resteraient inutiles en magasin pendant la paix et se trouveraient probablement inutilisables au moment de la guerre. Il faut encourager dans le pays la production d’une énorme quantité d’automobiles à l’usage des industries privées ou des besoins publics, formant une réserve que l’armée réquisitionnera à la mobilisation.

Le seul moyen d’y parvenir est d’attribuer des primes aux