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MADAME
MÈRE DU RÉGENT

ALLEMAGNE ET RELIGION. — MATERNITÉ. MORT DE MONSIEUR. — APAISEMENT

Nous avons laissé la pauvre Liselotte[2]usant ses yeux à pleurer l’incendie du Palatinat. Ce ne fut pas la fin de ses épreuves. Il lui en vint d’autres où il n’y avait point de sa faute, et d’autres encore dont elle était l’unique auteur. Dans les deux cas, c’était chez elle même violence, parce que la jalousie la dévorait et qu’elle haïssait Mme de Maintenon à la folie. Elle n’avait aucune idée, aucune pensée, — sauf celle du Roi, — qui pût lui rendre l’office de frein quand ses passions l’emportaient. La plupart des femmes de son temps se tournaient dans leurs épreuves vers Dieu, et s’en trouvaient bien. Madame n’avait pas cette ressource. La religion ne lui était d’aucun secours quelconque ; son père et sa tante l’Electrice y avaient mis bon ordre, avant et depuis son mariage. La pensée de ses enfans n’était pas non plus capable de l’arrêter et de lui épargner une imprudence. Elle les aimait beaucoup et luttait bravement pour soustraire son fils aux mauvaises influences ; mais il ne fallait pas lui demander l’impossible. Faire taire ses haines et se tenir tranquille, dans l’intérêt des enfans, c’était l’impossible.

  1. Privilege of copyright in the United States reserved. under the Act approved March third, nineteen hundred and five, by Arvède Barine.
  2. Voyez la Revue du 15 juin 1908.