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vue de la reprise des hostilités. L’exécution de ce plan, tel qu’il avait été définitivement arrêté, commença le 22 août. Ce jour-là, l’armée alliée débouche des montagnes de la Bohême en cinq colonnes[1]. Les quatre colonnes de la gauche ne rencontrent aucune résistance ; celle de la droite commandée par le comte de Wittgenstein, est portée sur le camp de Pirna, d’où après un brillant engagement, où elle prend une aigle et trois canons, elle déloge les troupes du corps de Gouvion Saint-Cyr, qui l’occupent. Mais, à la suite de cette opération, la colonne de Wittgenstein paraît à une trop grande distance des autres pour pouvoir être promptement soutenue, si elle venait à être attaquée par des forces supérieures. On croit donc devoir rapprocher les effectifs de secours et les faire avancer par Tiplitz, Seyda, Trauenstein et Dippoenswalda.

Dans la soirée du 23, toute l’armée alliée se concentre devant Dresde. Le 26, on fait une reconnaissance sur la place pour s’assurer si l’on ne peut pas remporter de vive force, ce qui donnerait l’avantage de détruire le pont et d’enlever ainsi aux Français un de leurs principaux débouchés. Par les prisonniers capturés dans cette journée, on apprend que Napoléon vient d’arriver avec sa garde et ses réserves de cavalerie et qu’il se propose d’attaquer le lendemain. L’armée alliée prend donc une position sur les hauteurs devant la ville. Dans la soirée du 26, on est informé qu’un corps français considérable a passé l’Elbe à Konigstein et réoccupé le camp de Pirna.

Le 27, l’affaire s’engage à la pointe du jour par une forte canonnade. Le temps est épouvantable ; une pluie battante ne discontinue pas. On ne fait que se canonner. La possession d’une place forte au centre de son armée offre à Napoléon l’avantage de pouvoir étendre sa ligne. Il porte en conséquence des forces très considérables sur les deux ailes des alliés, mais particulièrement sur la droite. Malgré cela, toutes ses attaques sont repoussées et il ne réussit point à gagner un pouce de terrain.

Cependant, à la fin de la journée, sur la droite, ses forces se

  1. Pour ce court résumé des journées de Dresde, j’ai suivi la relation de l’état-major de Schwarzenberg, tel qu’il fut adressé par Alexandre à Bernadotte, le 29 août. Dans son ensemble, il concorde parfaitement avec le récit de Thiers, plus complet et plus détaillé et où les diverses versions de la bataille ont été utilisées et mises d’accord.