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vous voir en haut le matin au moins une fois, car je ne vous vois jamais. Je n’ai pas pu répondre à votre chère petite lettre encore. Soyez sûr que je ne fais aucun projet qui ne soit entièrement à cause de vous, mais comme je ne connais pas les vôtres, et que vous avez toujours été vague et mystérieux avec moi, il y a longtemps que je me défends toute espèce d’idées sur l’avenir, parce que tout cela vous appartient, et vous en ferez ce que vous voudrez. Qu’aucune parole ni même apparence d’action ne change votre foi en moi à cet égard ! Je vous supplie, venez ici tous les soirs ! D’ailleurs, vous m’avez promis solennellement il y a six mois de n’être jamais un jour entier sans me voir. Rappelez-vous-en. Adieu, mon ange.


Mary Clarke à Claude Fauriel

Mon cher ange, j’y serai toute la journée. Après une heure, je mettrai la clef à la porte en haut et je monterai de temps en temps voir.

Puisque l’on vit si bon marché à Florence, du moins d’après tous les renseignemens que j’en ai, nous aurions de quoi y être presque riches si vous Vouliez vivre avec moi. Il n’y aurait pas besoin que vous vous démeniez pour rien acquérir. De plus, est-ce que cela ne serait pas bien plus sensé que de nous user comme nous faisons ? Cette séparation me fait d’autant plus de mal, qu’à moins que vous ne veuilliez changer d’avis, elle ne sera pas la dernière. Est-ce par amour pour moi que vous voulez nous faire perdre à tous deux nos meilleures années ? Je vous assure que, même comme économie, nous y gagnerions, je pourrais vous le prouver facilement ; et comme travail, vous y gagneriez énormément de temps. Regardez, nous allons jeter chacun de notre côté de l’argent et du temps sur les grandes routes, afin de nous voir un peu plus, et par un mauvais calcul nous nous verrons moins : nous aurions pu vivre ensemble à moins de frais, et certes vous auriez travaillé plus. Mon cher ange, si vous m’aimez, tâchez de voir cela au juste et de ne pas me rendre malheureuse pour mon bonheur.


Claude Fauriel à Mary Clarke.


... J’attends toujours votre opinion et votre impression sur le voyage d’Italie pour arrêter mon plan là-dessus.