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LES CONGRÈS SOCIALISTES
DE MARSEILLE ET DE TOULOUSE

Les Congrès de la Confédération Générale du Travail à Marseille et des Socialistes unifiés à Toulouse empruntent aux événemens une importance exceptionnelle. Jadis, nul ne prêtait attention aux assemblées purement ouvrières. Le plan de Constitution de la C. G. T., élaboré à Limoges en 1895, ne rencontrait que des incrédules. Les premiers essais de mobilisation des travailleurs, organisés et enrégimentés dans leurs syndicats, resserrés en une armée toujours grossissante par la Confédération générale du travail, surprirent et effrayèrent Paris, le 1er mai 1906. Tout récemment, les événemens de Draveil, la bataille rangée de Villeneuve-Saint-Georges, la tentative avortée de grève générale, sur le modèle des grèves italiennes, illustraient de façon saisissante l’étude que M. Paul Leroy-Beaulieu publiait ici même[1], sur le Syndicalisme, la Confédération, et les Réflexions sur la violence de M. G. Sorel. Le syndicalisme ouvrier commence à éclipser, par ses méthodes originales, le socialisme parlementaire. Entre les deux, il existe la même différence qu’entre un discours de M. Jaurès et le geste de M. Pataud, plongeant dans les ténèbres la Ville lumière, — qu’entre le verbe et l’action.

  1. Voyez la Revue du 1er août.