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mais à une heure et sur un terrain différens, chacun des partis, dans une formation simple, compacte, agréable à l’œil, l’infanterie, par exemple, étant en carré de brigade. La direction des manœuvres, grâce au tact et à l’esprit de conciliation du général de Lacroix, s’est exercée sans froisser les susceptibilités en jeu, tout en imprimant aux opérations un cours régulier en rapport avec les données du thème et les circonstances nées du choc de deux volontés adverses.

Au parti bleu, nous avons relevé un certain nombre de dispositions, prescrites par le général Millet, que nous jugeons fautives et qui portent sur les reconnaissances offensives du 14 septembre, le dispositif du 15 au matin, la rupture du combat du 17 et le placement, ce jour-là, de la 7e division, à Montrésor.

Le général Trémeau nous semble avoir bien conduit les opérations du parti rouge. Toutefois, le 13, son corps de cavalerie a été envoyé sur une direction fausse ; le 14 et le 15, il n’a rien fait, ou à peu près, enfin, le 15, le dispositif de l’armée, sur une ligne de trois divisions avec une autre division en réserve centrale, ne pouvait amener qu’une bataille parallèle, alors que l’énorme supériorité du parti rouge en cavalerie autorisait une manœuvre débordante. On a pu remarquer que les chefs de partis ayant, chacun, sous leurs ordres deux corps d’armée, ont franchi cet échelon pour manœuvrer avec leur quatre ou cinq divisions d’infanterie. On ne peut en effet établir des combinaisons variées avec deux élémens, il en faut au moins trois ; aussi, dans une armée de trois ou de quatre corps, l’unité de manœuvre est-elle le corps d’armée, et non plus la division. Toute musique d’ensemble repose sur le quatuor.

Des constatations qui précèdent, il résulte qu’aux manœuvres du Centre, les commandans de corps d’armée ont eu un rôle très effacé et que tout le poids des opérations ordonnées reposait sur les divisionnaires. Ceux-ci ont, en général, bien rempli leur tâche, mais il y a entre eux des différences marquées, trop même, dans une armée susceptible, comme la nôtre, de faire la guerre d’un jour à l’autre.

Tandis qu’aux manœuvres allemandes, les généraux sont à la place qu’ils occuperaient sur un vrai champ de bataille et n’ont auprès d’eux que le minimum d’auxiliaires, les nôtres, escortés d’un groupe de cavaliers (officiers et troupe), comparable, parfois, à un escadron en masse, n’hésitent pas à se tenir à moins de