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donner des bourses d’étude aux fils d’artisans, de paysans, d’employés. Sur 600 boursiers de l’année 1907, 270 suivent les cours des Universités ou des Ecoles techniques ; les autres étudient dans les écoles supérieures de la province. Des sociétés similaires s’occupent de l’instruction des jeunes filles de Posnanie et de Prusse occidentale et de l’organisation de bibliothèques populaires. Cinq sociétés distribuent de 110 à 145 000 marks par an. Le Marcinkowshiverein, riche de 1 million 300 000 marks, en donne, à lui seul, de 80 à 100 000.

L’organisation financière donne un sens particulier à ce mouvement d’association. Les associations se sont fédérées. Leur union est représentée par sept délégués. Ce comité choisit le « patron » dans son sein. Le patron est tout-puissant. Sa puissance ne se fonde point. sur la lettre des statuts ; elle dérive de l’autorité de l’homme, le prélat Wawrziniak, manieur d’hommes, et grand financier, exemplaire supérieur de cette classe paysanne dont on a imprudemment troublé le sommeil et qui jette aujourd’hui dans l’action, au fur et à mesure des besoins, ses réserves séculaires de force âpre et d’intelligence vive. Depuis quinze ans, cet ecclésiastique de haute stature sert la cause polonaise avec son énergie tranquille et silencieuse autant que par sa compétence. Le milieu ambiant exigeait un chef qui sût modérer d’un mot l’enthousiasme qui fait illusion sur les difficultés, prévenir d’un geste la panique des foules dont les désirs tardent à se réaliser, transformer en actes réfléchis les colères contenues. Aux attaques du gouvernement prussien, le « prélat » répond : « Loin de nous toute pensée de revanche, parce qu’elle est païenne. » Les circonstances donnent à ce précepte chrétien une singulière portée politique. Il a ainsi résolu avec une heureuse habileté les différens conflits qui se sont élevés entre le ministère des Finances et les associations. Le service le plus signalé qu’il leur ait rendu est d’avoir fait maintenir le droit de révision, accordé pendant l’ère de conciliation, qui les met à l’abri du contrôle officiel de l’État. Au sein même de l’Union, il a empêché une rivalité ruineuse entre les caisses Raffeisen et Schultze-Delitzsch qui divise et affaiblit les sociétés allemandes similaires. Selon les cas, il a fait adopter l’un ou l’autre système et conservé l’unité de vues en orientant le crédit vers la lutte nationale.

Trois types principaux d’associations fonctionnent en