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Quelques Français se soumirent. Mais les déserteurs résistèrent sans demander quartier. Les Anglais se reconnurent, reprirent l’avantage du nombre, écrasèrent la troupe de Law. Ce qui put s’échapper des pagodes tomba sous les sabres mahrattes. Seul le corps de M. d’Auteuil pouvait encore sauver l’armée bloquée dans Sriringam. Ce dernier espoir s’évanouit. Tandis que Clive conservait sa position de Samiavéram, un détachement anglais, sous les ordres du capitaine Dalton, atteignit Ottatour. Démoralisé par tant de hasards contraires, d’Auteuil battit en retraite. Sans accepter la bataille, il se replia sur Pondichéry. Clive alors lui donna la chasse, l’atteignit à Volconde et l’obligea à capituler.

Vous connaissez la fin de Law. Il déposa les armes sans combattre, après avoir abandonné Chunda-Sahib à la générosité de l’ennemi. C’était mal connaître les us et coutumes de l’Inde. Le malheureux nabab, dont toutes les troupes avaient fondu par la désertion, se remit aux mains du général de Tanjore. Suivant une convention dont le Tanjorien jura solennellement d’observer les clauses, au reçu d’une grosse somme d’argent, payée en acompte, la vie de Chunda-Sahib devait être épargnée. Mais si le roi de Tanjore avait des griefs sérieux contre le prisonnier, Mohammed-Ali en invoquait de plus graves, d’ordre politique. Il fit mettre aussitôt à mort son compétiteur, sans que le major Lawrence intervînt dans le conseil même par un mot pour sauver Chunda-Sahib. Law livra quelques heures après ses 3 000 soldats et leurs officiers, ses 40 canons et tout son matériel à Lawrence. Il y avait un an, moins quelques semaines, que l’expédition de Dupleix était partie de Pondichéry pour Trichinopoly…

Le major Lawrence a été enterré à Westminster. Sur sa pierre tombale se voit, gravée, la figure de ce Roc de Trichinopoly qu’il défendit contre les Français. Quant à sa victime, elle repose dans un tombeau de style mauresque, non loin de la station du chemin de fer. On dit que le dôme en fut construit par les ordres de Chunda-Sahib lui-même, aux temps de sa prospérité, et qu’il emprunta sans remords aux pagodes d’alentour les matériaux de cette construction.


Madura, octobre 1904.

On rapporte que Villemain, hanté par une conspiration universelle des jésuites, en voyait quelques-uns, à toute heure, embusqués sur son passage. Au contraire de l’illustre pair de