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n’avait pas manqué une occasion de rappeler le thème de l’influence austro-hongroise dans la péninsule.

Pendant la guerre, l’Autriche-Hongrie avait mis la main-dans les affaires des deux provinces. Au début, l’Angleterre (au témoignage du comte Schouwaloff) s’était montrée pleine de méfiance à l’égard de l’Autriche-Hongrie. C’est donc quand le rapprochement se fut fait définitivement entre les deux puissances, probablement au temps de la conférence de Constantinople, mais plus probablement à Berlin même et sous l’œil de Bismarck, qu’on laissa à l’Angleterre « l’initiative » revendiquée par lord Beaconsfield, dans son discours du 5 juillet.

Tout étant ainsi préparé, l’Autriche-Hongrie, dans la séance du 8 juin, avait démasqué ses batteries :


Intéressée en première ligne, comme puissance limitrophe, l’Autriche-Hongrie a l’obligation de déclarer franchement et ouvertement que ses intérêts les plus vitaux ne lui permettent d’accepter qu’une solution de la question bosno-herzégovinienne qui serait apte à amener la pacification durable desdites provinces et à empêcher le retour d’événemens qui ont fait courir de si graves dangers à la paix de l’Europe et créé à l’Autriche-Hongrie, tout en lui imposant de grands sacrifices et de grandes pertes matérielles, une situation intenable dont elle ne saurait accepter la prolongation.


En réponse, lord Salisbury avait déposé la proposition qui se résume en deux phrases :


La Porte ferait preuve de la plus haute sagesse si elle refusait de se charger plus longtemps d’une tâche qui dépasse ses forces ; et en la confiant à une puissance capable de la remplir, elle détournerait de l’Empire des dangers formidables (c’était le décapité par persuasion) ; par ces motifs, le gouvernement de la Reine propose aux puissances réunies que le Congrès statue que les provinces de Bosnie et Herzégovine seront occupées et administrées par l’Autriche-Hongrie.


Le prince de Bismarck s’associe immédiatement à cette proposition :


Ce n’est pas seulement un intérêt austro-hongrois, mais un devoir général… l’Allemagne, qui n’est liée par aucun intérêt direct dans les affaires d’Orient, est d’avis que, seul, un État puissant et disposant des forces nécessaires à portée du foyer des désordres pourra y rétablir l’ordre et assurer le sort et l’avenir de ces populations.


La thèse pouvait s’étendre et s’appliquer à d’autres provinces…