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tout ; le gouvernement chargé de tous les anathèmes et sommé en même temps de décréter la panacée universelle ; les manifestations colossales de 200, 300, 500, 600 000 personnes, le refus de l’impôt, la tolérance du ministère au début, les compagnies de chemins de fer accordant sur sa demande des billets à moitié prix, les préfectures, sous-préfectures et autres monumens publics pavoises, les propriétaires taxés d’office pour que les ouvriers pussent faire ces voyages, menacés d’être maltraités ou incendiés s’ils s’avisaient de payer le percepteur, les délibérations des conseils municipaux indemnisant les nouveaux croisés sur le budget, les démissions en masse des municipalités, MM. Marcellin Albert et Ferroul passés à l’état de demi-dieux de l’armée des gueux, la vie sociale et municipale presque entièrement interrompue dans une foule de communes, les mesures tardives du ministère, qui oublia trop longtemps la maxime : « Qui assemble le peuple l’émeut ; » les arrestations, une préfecture incendiée, le fantôme du séparatisme, cette quasi guerre civile dans la semaine fatidique du 14 au 23 juin 1907, les mouvemens révolutionnaires, les morts et les blessés trop nombreux, des mutineries dans plusieurs régimens apaisées non sans peine, la visite théâtrale de M. Marcellin Albert au président du Conseil, les grèves de candidats, les fédérations de viticulteurs, etc. Bien entendu, le Midi viticole a, le 21 juin 1908, commémoré l’anniversaire des Journées des 19 et 20 juin 1907.

En vérité, les fraudeurs coûtent cher à la France, presque aussi cher que les anarchistes. Les Chambres ont voté une loi qui renferme quelques bonnes dispositions, d’autres moins heureuses, et qui implique une sorte de mea culpa pour tant de bévues économiques du passé. Mais suffira-t-elle pour rendre à ceux qui souffrent l’espoir, la confiance et remplir un peu leur bourse ? Il est permis de douter.

M. Prosper Gervais, d’autres viticulteurs recommandent la distillation comme le premier, le principal remède ; la question de l’alcool, disent-ils, est le nœud de la crise viticole ; toute situation viticole embarrassée, comme il s’en produit toujours à la suite des années de production abondante et défectueuse, se termine par la chaudière. Les années 1858, 1864,1865, 1871, 1873, se liquidèrent par la chaudière ; de même l’année 1875 qui marqua l’apogée de la viticulture avec sa fameuse récolte de 83 800 000 hectolitres. Aujourd’hui, hélas ! les progrès de l’œnologie