Le 8 décembre 1869, le concile s’ouvrit : un Allemand d’Autriche, Fessler, évêque de Saint-Poelten, qui soutenait avec une nuance de modération les idées infaillibilistes, avait été désigné par Pie IX comme secrétaire. L’infaillibilité ne figurait pas à l’ordre du jour ; mais c’est à cette question que tous pensaient, et d’elle que tous parlaient ; et tout de suite la presse, appliquant au concile, avec une certaine impropriété de termes, le vocabulaire parlementaire, fit connaître au monde l’existence d’une majorité, qui voulait le dogme, et d’une minorité, qui ne le voulait point. Toujours prêt à se remuer lorsqu’il s’agissait de remuer les autres, l’éloquent évêque d’Orléans s’occupa de grouper cette minorité et de la faire agir. Les relations qu’il avait nouées à l’étranger, la notoriété de sa brochure traduite en diverses langues, lui donnaient pour cette tâche l’ascendant nécessaire. D’accord avec l’archevêque hongrois Haynald, il organisa dès les premiers jours, en groupes nationaux, les prélats de la minorité, et puis il composa un comité international avec les délégués de ces divers groupes : l’opposition, — ainsi parlait-on sommairement, — avait désormais son bureau.
Le cardinal Rauscher, de Vienne, le cardinal Schwarzenberg, de Prague, couvraient de leur pourpre les Allemands opposans. Schwarzenberg, très accessible à l’influence des professeurs, était hostile à l’infaillibilité elle-même ; on trouvait une pareille hostilité, beaucoup plus formelle encore, chez l’évêque Hefele. Rauscher déclarait au contraire que, depuis quarante ans, il croyait le pape infaillible, mais il préférait qu’on ne définît point ce dogme ; il était suivi sur ce terrain par Melchers de Cologne, par Eberhard de Trêves, par Wedekin de Hildesheim, par Foerster de Breslau, qui, tous quatre, naguère, au concile de Cologne, avaient admis l’infaillibilité ; Scherr de Munich, Dinkel d’Augsbourg, Deinlein de Bamberg, Ketteler de Mayence, Brinkmann de Munster, Beckmann d’Osnabruck, Kremenlz d’Ermeland, se conformaient aussi, chacun avec sa nuance de caractère et son degré d’intelligence, à cette attitude respectable et subtile. En face d’eux, Leonrod d’Eichstätt, Stahl de Wurzbourg, Ledochowski de Posen, étaient acquis à la définition ; Martin de Paderborn, Senestrey de Ratisbonne, mettaient un zèle tenace à