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à Munich, la ville où il avait un nonce, la ville, aussi, où l’on faisait le plus de tumulte ; et les égards des évêques pour les catholiques de Berlin furent peut-être interprétés, sur le Tibre, comme une demi-capitulation devant les élémens frondeurs de la Bavière.

Mais la lettre collective adressée par l’assemblée de Fulda à tous les fidèles allemands fut mieux accueillie au Vatican : elle avait été souhaitée par le nonce, et Ketteler en avait esquissé un premier brouillon. Elle réclamait que les chrétiens s’abandonnassent aux jugemens du concile : ils pouvaient être assurés que cette assemblée, par cela même qu’elle était divinement inspirée, ne proclamerait jamais une doctrine absente de l’Écriture ou de la tradition apostolique, ni contraire aux principes de la justice, aux droits de l’État, aux vrais intérêts de la science, à la liberté légitime des peuples. On dut aimer, à Rome, cette sorte d’acte de foi par lequel l’assemblée épiscopale de Fulda et, presque en même temps, la grande assemblée catholique de Dusseldorf, manifestaient à l’avance une confiance surnaturelle dans les décisions d’un concile œcuménique, quelles qu’elles fussent. Mais Louis II de Bavière, vaguement informé de la lettre que la majorité des évêques avaient écrite à Pie IX, interpréta ce passage de la pastorale comme une assurance que l’infaillibilité ne serait pas définie, et fit à l’archevêque de Munich des complimens quelque peu gênans. À Rome, on applaudissait à la pastorale comme à un moyen de rassurer les fidèles contre les périls politiques qui, d’après certains journalistes, résulteraient de l’infaillibilité ; à la cour de Bavière et dans les bureaux de la Gazette universelle, on croyait y trouver, au contraire, l’aveu de ces périls, et une fin de non recevoir pour le projet même de définition. Pour un jour, — une fois n’était pas coutume, — les évêques obtenaient en même temps les sourires du Pape et les sourires du Roi. Était-ce un succès ? De ces deux augustes personnages, l’un certainement avait mal compris ; et par ailleurs, la continuation des polémiques dut prouver à l’épiscopat que sa belle et pacifique lettre ne trouvait pas l’écho qu’elle méritait. Il fallait que le concile se réunît ; il fallait, dirions-nous volontiers, qu’il fût fini, et qu’à l’inévitable turbulence des veilles de délibération succédât le calme impérieux des lendemains de décision. La paix des consciences, désormais, était à ce prix.

Doellinger, en octobre, dans ses Considérations présentées