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idée. Il avait alors peint en grisaille une esquisse pleine de grandeur et de poésie. Son œuvre était prête, elle lui aurait fait le plus grand honneur ; mais poussé invinciblement par des scrupules religieux, certainement excessifs, il la détruisait. Il n’avait fait d’ailleurs, en recourant à la sculpture, qu’imiter Poussin. Celui-ci, à son arrivée à Rome, fort épris de Titien et des charmans putti de quelques-uns de ses tableaux, notamment de l’Hommage à la Fécondité (alors dans la collection Ludovisi), avait appris de ses amis l’Algarde et Duquesnoy, à modeler d’après nature des enfans nus dans toutes les positions, et il se servait ensuite de ces statuettes pour peindre les amours et les anges qu’il voulait introduire dans ses compositions mythologiques ou religieuses.

Bien des artistes, ayant à placer dans leurs œuvres des figures animées de mouvemens très rapides pour lesquels les modèles seraient incapables de poser, ont cru bien faire de demander à la photographie les renseignemens qu’ils désiraient. Dans un article publié ici même, le Photographe et l’Artiste, M. R. de la Sizeranne, avec son goût éclairé, les mettait en garde contre les dangers que pouvaient offrir pareilles consultations[1]. Les progrès récens de la photographie instantanée font apparaître plus nettement encore ces dangers et confirment d’une manière formelle les conclusions en quelque sorte prophétiques de M. de la Sizeranne à cet égard. En insistant, à notre tour, nous voudrions ajouter ici quelques observations ayant trait à ces représentations par la photographie de mouvemens très rapides, images d’une fidélité indéniable, mais qui, si intéressantes qu’elles soient pour l’artiste, exigent cependant de sa part quelque réflexion avant d’être acceptées comme des modèles à suivre.

Plus encore que la nature, la photographie, même entre les mains d’un opérateur habile, reste absolument indifférente à nos conceptions. Le photographe, après qu’il a choisi son motif, n’est plus libre d’y rien changer. La composition de ce motif et l’effet auquel il s’est arrêté lui sont formellement imposés. Entre les détails que lui offre la réalité, il lui est impossible de faire un choix, de les subordonner les uns aux autres, de supprimer ceux qu’il juge inutiles, d’insister sur ceux qu’il estime plus importans. La nature est là ; sans qu’il puisse l’interpréter, il

  1. Voyez la Revue du 15 février 1893.