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REVUE LITTÉRAIRE

ONZE ANS DE LA VIE DE BERLIOZ D’APRÈS UN LIVRE RÉCENT[1]

On continue d’écrire sur Berlioz, et cet « on » a bien raison, quand c’est M. Boschot qu’il se nomme. L’historien d’ « un romantique » a publié cette année la seconde partie de la trilogie qu’avec une abondance exacte, une passion clairvoyante, une piété sans idolâtrie, il consacre à son héros. Le premier volume racontait le matin, ou « la jeunesse. » Le dernier, ce sera « le crépuscule. » Dans celui-ci nous voyons le midi, — que de si gros nuages, hélas ! obscurcirent, — d’un génie orageux et d’un malheureux destin.

Le livre de M. Adolphe Boschot est d’une remarquable unité. Il est un de plusieurs manières. Il l’est premièrement par son rapport étroit avec le précédent. Il en sort ou s’en déduit avec beaucoup de naturel et de logique. Rien ne s’y développe qui ne fût contenu dans l’autre, et rien de ce que l’autre enfermait n’y est abandonné. Les faits s’y ajoutent aux faits ; les traits naguère indiqués s’y accusent, plutôt que de fléchir ou de se briser. Pas de saltus, ni d’hiatus, dans la suite du récit. Aussi bien, et toujours comme dans le premier volume, peu de considérations esthétiques, mais d’innombrables documens, pour la plupart inédits. Cette fois encore, et par un parti pris déclaré, le biographe l’emporte sur le critique. L’écrivain a peu de goût pour les idées générales. Dès qu’il s’agit de « parler avec des mots » de la

  1. Un romantique sous Louis-Philippe. — Hector Berlioz (1831-1842), d’après de nombreux documens inédits, par M. Adolphe Boschot, 1 vol. in-18 ; Plon. 1908.