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maison de banque Kuhn Loeb et C°, développait, devant le même auditoire, un plan dont les principes étaient identiques. Il demandait la création d’une chambre de compensation centrale, ayant le droit d’émettre, contre dépôt des certificats des diverses chambres, des billets qui seraient garantis par le gouvernement fédéral.

Le 10 février 1908, dans un discours prononcé au Sénat, Nelson W. Aldrich, président de la Commission des finances sénatoriale, reconnaissait que les certificats des chambres de compensation avaient rendu de grands services ; mais il proposait un autre remède pour l’avenir, qui consisterait en la création d’un demi-milliard de billets, dont on autoriserait l’émission à des conditions analogues à celles qui sont en vigueur à la Banque de l’Empire en Allemagne, et qui seraient gagés par des titres. Les associations des banquiers et des commerçans de New-York ont protesté contre ce projet de circulation gagée par un actif autre que du numéraire ou un portefeuille commercial à courte échéance.

Le 22 février, J. Parker, de Quincy (Illinois), critiquait le bill Aldrich devant une réunion des banquiers de l’Iowa et insistait pour que la circulation additionnelle fût, en temps de crise, demandée aux chambres de compensation qui, dans beaucoup d’États, dit-il, représentent une puissance comparable à celle des plus grandes banques d’émission du monde. Leurs billets seraient gagés par des valeurs passées au crible de l’examen de comités compétens et auraient la garantie solidaire des banques associées. Le rachat de ces billets serait parfaitement assuré et plus rapide encore que leur émission. Reconnaître les chambres de compensation par une loi fédérale, les autoriser à émettre des certificats et des billets, ce serait grouper l’actif de tous les membres et fournir des ressources pour ainsi dire illimitées au marché. Le contrôleur de la circulation Ridgely, dans son rapport du 2 décembre 1907 adressé au président de la Chambre des représentans, dit que l’usage des certificats de chambres de compensation a rendu les plus grands services aux banques et prévenu, en maintes circonstances, des suspensions de paiemens. Il se demande si la loi ne devrait pas les reconnaître et en autoriser officiellement l’émission à titre de monnaie de crise (emergency circulation).

Voici donc une nouvelle étape franchie au cours de la crise