Au 3 décembre 1907, les banques nationales de New-York avaient demandé des certificats de la chambre de compensation pour un montant de 30 millions de dollars, supérieur à celui de toutes les crises antérieures. Le nombre de villes où ces certificats ont été créés a été bien plus grand qu’à aucune des époques précédentes, ce qui montre à la fois le développement économique du pays et le résultat satisfaisant des expériences successives. Ce papier n’est d’ailleurs pas resté longtemps en circulation et n’a pas tardé à être retiré dès que les circonstances sont redevenues normales. Au début de 1908, les banques reprennent les paiemens en espèces. A New-York, le 3 janvier, les règlemens, pour la première fois depuis le 28 octobre 1907, se sont effectués sans l’emploi d’aucun certificat. Il n’en restait que 12 millions de dollars en circulation ; le chiffre était à peu près le même à Philadelphie. A Baltimore, le 8 janvier, les banques avaient déjà retiré plus du quart de leurs certificats. A la même date, les banques de Pittsburg avaient repris les paiemens en espèces, et cessé d’émettre des chèques au porteur faisant fonction de monnaie. A Cincinnati, on a décidé de retirer en un mois les 2 millions et demi de dollars de certificats émis, à raison d’un quart par semaine. A Chicago, le 7 janvier, on avait retiré 6 millions sur les 7 618 300 émis. Les banques de Minneapolis et de Saint-Paul ont été les premières, à l’Ouest, à reprendre les paiemens en espèces. A Kansas, on avait fait rentrer le 18 janvier tous les certificats et tous les chèques de la chambre de compensation ; les banques d’Oklahoma les dénoncent pour le 15. A Portland, dès le 28 décembre 1907, la moitié du million de certificats émis était rentrée. Le décongestionnement est aussi rapide que l’avait été le mouvement en sens inverse. Le 24 janvier, sur les 88 millions de certificats que les banques avaient demandés et dont elles n’avaient d’ailleurs jamais employé plus de 74, il n’en restait que 7 en circulation ; tous les certificats de Boston étaient retirés ; à Atlanta, à Houston, on invite les banques à rembourser tous ceux qui ne l’ont pas encore été ; on annonce aux cliens qu’il n’est plus nécessaire de spécifier que les chèques qu’ils émettent ne seront payables que par l’intermédiaire de la chambre de compensation. A l’heure où nous écrivons, toute cette monnaie de crise (emergency money) a disparu et les échanges se font par les procédés normaux.