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compensation et décident de ne rembourser à chaque déposant que 10 pour 100 de son solde créditeur, aucun paiement en aucun cas ne devant excéder 50 dollars par jour. La résolution ne s’applique pas aux comptes de 5 dollars et au-dessous. L’association de la chambre de compensation de Fortworth décide, « vu les mesures prises par les chambres de compensation de Chicago, Saint-Louis, New-York, Kansas et autres grandes villes, et afin de protéger les intérêts du public et des affaires à Fortworth, » de suspendre partiellement les paiemens en espèces, de ne payer en espèces par jour que 50 dollars au plus à chaque titulaire de compte, les chèques de tout montant continuant à être honorés par la chambre de compensation. L’association elle-même émet des chèques de 5, 10 et 20 dollars remboursables à ses guichets.

Nous voyons ici les choses aller plus loin qu’au début. Il ne s’agit plus seulement de régler les comptes des banques entre elles au moyen d’une monnaie spéciale, le certificat de la chambre de compensation. Une double action se poursuit : on règle les comptes entre banques au moyen de certificats et, pour suppléer à la disette d’espèces et de billets dans la circulation, on crée des chèques de faible dénomination qui sont acceptés par les particuliers, d’autant plus facilement qu’en Amérique le nombre de gens habitués à régler leurs affaires en chèques est infiniment supérieur à ce qu’il est en Europe. Les chambres de compensation substituent leur signature à celle des banques isolées. Le crédit de la collectivité étant supérieur à celui de l’individu, ces instrumens de paiement sont plus volontiers reçus que ceux qui émanent d’un établissement isolé. C’est ainsi que le président d’une grande société industrielle, l’Allis Chalmer, annonce à son personnel qu’il va remplacer les chèques émis sur ses banquiers au moyen desquels il le payait ordinairement par des chèques de la chambre de compensation de Milwaukee. Il ajoute : « Ces chèques seront en général considérés comme de la monnaie et admis comme tels par les épiciers, bouchers et autres détaillans ; ils seront aussi reçus par les banques comme équivalant à des dépôts en espèces. Je pense que cette mesure ne causera aucun détriment aux employés : elle n’est d’ailleurs rendue nécessaire que par la disparition temporaire de la monnaie. » le public lui-même est donc invité à accepter comme monnaie les engagemens revêtus de la signature de la chambre de compensation.