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se font des chèques ou autres effets tirés sur chacune d’elles. Le mouvement annuel des chambres de compensation aux Etats-Unis a passé de 84 milliards de dollars en 1900, à 154 en 1907.

L’existence et le fonctionnement de ces Chambres suppriment déjà énormément de mouvemens de fonds, puisque, à la fin de chaque journée, elles ne laissent subsister qu’un résidu de créances et de dettes à régler en espèces : des sommes très considérables ont été au préalable compensées entre les divers établissemens qui, de ce chef, ont évité des décaissemens et des encaissemens inutiles, longs et coûteux. Le résidu des opérations représente en général moins du vingtième du total ; mais ce vingtième forme encore un chiffre élevé : l’idée est alors venue aux banques, dans les époques troublées que caractérise la rareté du numéraire, de substituer à ce dernier des certificats gagés par des titres. A cet effet, chacune d’elles est autorisée à remettre au comité de la chambre de compensation des valeurs, rentes, fonds d’État, obligations, sur lesquelles une avance lui est consentie jusqu’à concurrence d’une certaine proportion du cours du jour, 60, 70 ou 75 pour 100 par exemple ; le montant de cette avance ne lui est pas fourni en espèces, mais en certificats dont la banque se sert pour acquitter ses dettes vis-à-vis des autres banques, membres comme elle de la chambre de compensation. Ces certificats doivent être remboursés en monnaie effective au bout d’un certain temps ; ils portent intérêt à un taux généralement élevé, 6, 7 pour 100 ou même davantage, de façon que l’emprunteur ait des raisons pressantes de les retirer le plus tôt possible. En réalité, l’opération consiste en ceci : des banques débitrices éprouvant, en temps de crise aiguë, de la difficulté à transformer immédiatement en espèces certaines portions de leur actif, ou ne pouvant le faire qu’en consentant un sacrifice considérable, obtiennent, en donnant en gage une partie de cet actif, des certificats qui sont acceptés comme monnaie par une catégorie de leurs créanciers, les autres banques ; ce qui leur épargne des réalisations précipitées, onéreuses, parfois impossibles.

Les certificats sont garantis par des titres dont ils ne sont pour ainsi dire que la représentation : ceux-ci sont choisis avec soin parmi les obligations de premier ordre et ne sont admis que pour une fraction de leur valeur. Les certificats ne sont acceptés en paiement de dettes stipulées en monnaie que parce