Les Arabes de cotté de Jérusalem ne sont pas mes arabes dont la plupart de tribus sont actuellement dans lintérieur, mais je vous donneré toujours une lettre pour Abougoch qui commande tout aux environs de Jérusalem : il est le chef de 4 000 braves voleurs.
Vous me dite que vous serez a Seyde mardi à midi, le bon vieux M. Giraudin malade dans son lit ; ainsi je vous proposeré, Monsieur, de venir ici, afin que je vous donne les papiés que jai fait sur votre nom avec les explications nécessaires.
Je trouve votre famille fut lalliée dun de plus grand tribus de yaman et don il est sorti un savant beaucoup plus grand que Neuton ou le Sage.
Mercredi matin vous pouvez passé a Seyde et continué votre route jusqu’au Heder : cest la que saint Elie a donné la bénédiction à lhuile de veuve.
Je vous prière de témoigner a Mme de Lamartin mon grand désir de lui être utile dans votre absence, ainsi de vous mettre a l’abri de quelques dangers qui pourra avoir lieu dans le moment de confusion.
Salut et paix,
HESTER LUCY STANHOPE.
J’ai trouvé un grand poët arabe pour vous.
Lamartine rencontra en effet sur la route de Jérusalem le chef des quatre mille braves voleurs. « Abougosh me demanda si je n’étais pas l’émir franc que son amie lady Stanhope, la reine de Palmyre, avait mis sous sa protection et au nom de qui elle lui avait envoyé la superbe robe de drap d’or dont il était vêtu… » Il apprécia les vers de son confrère arabe. Lady Esther lui avait donc rendu effectivement service. Elle le rappelle, dans ses Mémoires, de la façon la plus désobligeante qu’il soit possible. « M. de Lamartine s’imaginait produire un grand effet dans ce pays : c’est une erreur grossière. Je lui avais donné une lettre pour Abougosh qui le reçut fort bien et auquel il chercha à se donner pour un grand homme. Or le sheik a affirmé que c’est seulement par amitié pour moi qu’il lui avait fait tant d’honneur[1]. » Apparemment, dans la composition si laborieuse de son personnage, lady Stanhope avait fait entrer cet élément : l’ironie.
Donc, avec sa caravane et le drogman fourni par lady Stanhope, Lamartine se met en route, accompagné de MM. de Parseval et de la Royère. Il laisse à Beyrouth Mme de Lamartine et Julia
- ↑ Philippe Descoux, La reine de Tadmor, lady Esther Stanhope, 1 vol. in-12 (Chamnal).