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faire provision d’impressions et de couleurs, de paysages et de pensées en vue de son grand poème.

On sait comment il organisa son expédition, non pas avec ce faste qui lui a été si sévèrement reproché, mais dans la grande manière qui lui était naturelle. Il emmenait avec lui sa femme et sa fille, ses amis MM. de Capmas et Amédée de Parseval, un médecin, M. de la Royère, et six domestiques. Il avait nolisé un brick, l’Alceste, capitaine Blanc, armateur Rostand. Parti de Marseille en juillet 1832, il arrivait, au début de septembre, au pied du Liban, à Beyrouth. Son intention était de visitera fond la Judée, puis l’Egypte : deux mois à Jérusalem, deux mois à remonter le Nil. Il s’était muni de recommandations, parmi lesquelles une lettre de lady Stanhope ne devait pas lui être la moins utile.

On se rappelle le récit que fait Lamartine de sa visite à la reine de Palmyre dans sa bizarre habitation de Djoun, au milieu des montagnes. Cette petite-nièce de Pitt, qui avait commis l’énorme « excentricité » de s’établir prophétesse et reine en Syrie, lui plut. Il goûta sa conservation « élevée, mystique nuageuse ; » il découvrit un sens à sa « folie volontaire ; » il enregistra pieusement ce qu’elle lui révéla sur lui-même et sur ses origines orientales. « L’Orient est votre patrie véritable… c’est la patrie de vos pères. Regardez votre pied, c’est le pied de l’Arabe, c’est le pied de l’Orient… vous êtes un fils de ces climats. » Lamartine avait le pied de l’Arabe, et son nom s’était jadis orthographié Allamartine, où se lit clairement « Allah »… combien tout cela était concluant ! On trouvera trace de ces rêveries dans la lettre où lady Stanhope met à la disposition de son hôte un interprète, un chef de brigands et un grand poète.


Djoun, le samedi soir.

Monsieur le Comte,

Je voi que vous avez trop d’indulgence pour moi ainsi que pour mon domestique qui, je crain, ne vous a pas fait bien comprendre ce que j’ai voulu vous dire au sujet de Drogman comme vous ne lavez pas demander dans votre lettre. C’est Khalil Mansour, le maître arabe de M. Derché : il a resté chez moi encore un an en qualité de Drogman et cest le seul, je croi, dans le voisinage qui sait traduire la poésie arabe. Ce n’est pas M. Massyké, ni Aidé, mais il ne se trompe pas dans le sens. Ainsi faite moi savoir sil vous sera utile ou non ; il est venu ici aujourd’hui pour savoir vos ordres, et cest lui qui écrit cette lettre pour moi.