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puissamment dans cette ville le règne de Jésus-Christ, » avec cent projets de réforme empreints de la généreuse hardiesse que portait la Compagnie dans ses entreprises ; c’était, en outre, selon toute vraisemblance, un membre de la Compagnie du Saint Sacrement, soit de celle de Paris, soit de celle de Tours, son pays d’origine. Aussi, pendant son très court, mais très marquant épiscopat, il régna, nous l’avons vu déjà, entre lui et les Compagnies de Marseille et de Paris, une collaboration très étroite, qui s’éclaire des détails curieux, notés par les anciens biographes. Ainsi J.-B. Gault avait souhaité pieusement, dès avant d’être évêque, « d’avoir quelqu’un qui fût toujours auprès de lui afin de ressusciter de temps en temps son zèle. » Or quel est l’homme qu’il prend à cet effet pour le garder à ses côtés jusqu’au dernier soupir ? L’un des confrères les plus éminens du Saint Sacrement, Gaspard de Simiane, chevalier de La Coste. — Non content de ce mentor toujours présent, Jean-Baptiste Gault s’était adjoint une « congrégation de quelques personnes de doctrine et de piété qui s’assemblaient tous les mercredis pour délibérer sur les plus importantes affaires du diocèse : » sorte de Conseil de conscience, dont « il respectait les résolutions comme des réponses du Saint-Esprit. » Or, parmi les cinq membres de cette assemblée, l’un au moins, — Pierre de Bausset, prévôt de la cathédrale de Marseille, — est un confrère du Saint Sacrement, très mêlé à toutes ses œuvres. La Compagnie du Saint Sacrement trouva à Marseille dans Jean-Baptiste Gault, comme à Grasse dans Godeau, comme à Cahors dans Alain de Solminihiac, l’évêque selon son cœur et à sa dévotion.

Quant à Etienne du Puget, à lui aussi la Compagnie se révéla, spontanément. Etait-ce lui, par sa piété, par son ardeur réformatrice qui méritait cette confiance ? Il ne semble guère s’être signalé que par la large part qu’il prit aux luttes politiques dans cette Marseille alors si divisée et si séditieuse ; il eut même, pendant la Fronde, une attitude tellement hostile à la Cour que, lors du voyage de Louis XIV en Provence, peu rassuré sur l’accueil du Roi, il crut devoir contrefaire le vieillard moribond, et aller, en un équipage pitoyable, saluer le souverain et ses ministres.

Toutefois, au moment, où il était devenu évêque en 1643, trop d’œuvres, importantes et urgentes, étaient sans doute engagées, en commun, par la Compagnie de Marseille et J.-B. Gault, trop