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de procès dont le recueil de jurisprudence, compilé par le confrère Filleau[1], va être l’arsenal précieux :


Il importe de tâcher d’humilier par notre zèle et par nos soins ces ennemis jurés du très auguste Saint Sacrement, de qui l’insolence entreprend à présent plus que jamais de renverser, par toutes sortes d’artifices, toutes les lois divines et humaines, là où ils estiment avoir du support ou de l’activité suffisamment pour pouvoir s’émanciper impunément.


Or, pour « arrêter le cours de leurs entreprises,… dont nous avons souvent des avis et des plaintes de divers endroits, voire même pour les ranger dans leur devoir, là où ils auront notablement abusé de la tolérance du souverain, » rien ne sera plus « commode » que ce « promptuaire » préparé par Filleau, avocat du Roi au présidial de Poitiers « de tous les arrêts ci-devant donnés contre les hérétiques. » Et, en 1655 (lettres du 3 septembre et du 15 décembre), à la veille de l’Assemblée du Clergé, la Compagnie de Paris non seulement demande aux Marseillais de « recueillir de toutes parts, par eux ou leurs amis, les arrêts, jugemens, plaintes, mémoires et instructions qui regardent les entreprises des religionnaires, » mais elle leur adresse un questionnaire, en les priant de répondre « en diligence, » afin de pouvoir dans le temps convenable « suggérer à Messeigneurs de l’assemblée ce que l’on croira de plus important pour la gloire de Dieu et le bien de l’Église. » En même temps, elle leur conseille, dans Marseille même « de députer quelqu’un de la Compagnie pour veiller, « de façon permanente, » à ce que les huguenots ne prennent point des catholiques à leur service, ni dans les métiers, pour les pervertir. »

En ce qui touche l’activité charitable de la Compagnie de Paris, ses lettres à la succursale de Marseille ne nous apprennent rien que le confrère Voyer d’Argenson n’eût déjà relevé avec un soin de panégyriste. Mais ce que l’on peut y voir de plus près c’est de quelle façon le groupe parisien instruit sa succursale à faire le bien à sa façon.

D’abord, et avant tout, à le faire dans l’ombre :


Nous vous supplions de nous envoyer par le premier ordinaire le nom de trois ou quatre des plus zélés de votre Compagnie et des plus propres, pour tâcher de les faire nommer directeurs de votre hôpital des galériens, sans témoigner à personne que cela se fasse par le motif de la Compagnie.

  1. Cf. Raoul Allier, ouvr. cité, p. 292 et suivantes.