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LA
COMPAGNIE SECRÈTE DU SAINT SACREMENT
D’APRÈS DES DOCUMENS NOUVEAUX

Les lecteurs de la Revue se souviennent peut-être qu’il y a quelques années[1] nous leur signalions une découverte historique qui faisait quelque bruit : celle d’une société catholique secrète au XVIIe siècle, la Compagnie du Très Saint Sacrement. La source principale qui la révélait, — une narration rédigée par un de ses anciens membres, René II de Voyer d’Argenson, et que publiait, avec des notes précieuses, le R. P. dom Beauchet-Filleau, — présentait toute garantie ; les documens accessoires, inédits ou déjà imprimés çà et là, qu’un ouvrage de M. Raoul Allier en rapprochait avec une ingénieuse exactitude, la confirmaient très solidement. Mais il est si rare, en histoire, de retrouver un fait important, prolongé, qui ait tout à fait échappé aux érudits, et, d’autre part, ce fait, réapparu, était si extraordinaire, qu’avant de poursuivre l’étude de l’étrange Compagnie, avant surtout de chercher à éclaircir sa disparition en 1666, on crut prudent et utile d’attendre des documens nouveaux. Ces documens ont surgi, — peu nombreux, il est vrai, comme il fallait s’y attendre au sujet d’une société si amie du mystère, — mais très instructifs.

Ceux que nous étudierons aujourd’hui, et que M. Henry Omont, le savant et sagace conservateur des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, vient d’acquérir, sont cent quarante-sept lettres adressées de 1639 à 1662 par « la Compagnie du Très Saint Sacrement

  1. Voyez la Revue des 1er juillet, 1er août et 1er septembre 1903.