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aussitôt à se rétablir et, en fait, se rétablit au bout de quelque temps. Ici, c’est la loi de l’ordre et de la demande, avec « l’aiguille indicatrice des prix, » qui est le régulateur automatique. Dans la production, il y a un équilibre essentiel, celui de la production même avec les besoins de la consommation. Dans la répartition, il y a un équilibre essentiel, celui de la valeur réelle avec les prix. Dans la consommation, il y a un équilibre essentiel, celui de la consommation elle-même avec les besoins. Cette triple adaptation se fait aujourd’hui, comme l’a encore montré M. Bourguin après Spencer, par le libre jeu des volontés, des contrats et conventions, de la concurrence, de l’offre et de la demande. On n’obtient pas ainsi, à coup sûr, une adaptation parfaite de la consommation aux besoins, de la production à la consommation, du prix à la valeur de la rémunération finale au travail. Une foule d’élémens perturbateurs interviennent sans doute, qu’il faut prendre à tâche d’éliminer : ignorance des vrais besoins et des vraies demandes, par insuffisance de renseignemens statistiques ou autres ; absence de réelle liberté dans les contrats, par l’infériorité de l’un des contracteurs et par la nécessité qui l’oblige à tout consentir, par l’absence de vraie et loyale concurrence ; inégalité initiale des conditions dans lesquelles le concours a lieu ; absence de milieu réellement « libre » pour cette concurrence, une foule dépositions étant d’avance occupées par ceux qui possèdent des capitaux ou des terres. En un mot, le mécanisme d’adaptation est loin d’être parfait dans le corps social. De là la nécessité, selon nous, d’une foule de réformes ayant pour but d’introduire plus de justice et de réparer les maux résultant du fonctionnement même des rouages sociaux. Encore est-il que la société actuelle, malgré tous ses vices, malgré toutes ses misères, réalise tant bien que mal, et plutôt bien que mal, l’équilibre vital de la consommation de la production, des besoins, de la valeur et du prix, puisqu’elle vit et marche. Si l’équilibre n’était pas réalisé dans ses conditions les plus essentielles, la société ne subsisterait pas. En fait, l’équilibre se produit par un ensemble de lois statiques qui sont du ressort de la sociologie, et dont les unes ont un caractère inconscient et involontaire, les autres un caractère conscient et volontaire. La sociologie proprement économique amis en lumière un certain nombre de ces lois à la fois mécaniques, biologiques et psychologiques. Quelques imparfaits que soient