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qui se passe et d’après ce qu’on me dit, une fausse paix est plus probable qu’une résolution héroïque. Nous sommes dans la phase des hésitations et des ajournemens.

Les nouvelles de Montalembert sont mauvaises et celles de Villemain pas meilleures. J’en suis très affligé.


Val-Richer, 29 août 1866.

Mon cher confrère, je vous remercie de m’avoir envoyé votre discours ; les fragmens que j’en avais lus dans les Débats m’avaient beaucoup plu, mais ne me suffisaient pas. Le discours est excellent au fond et dans la forme. Vous n’avez jamais mieux pensé, ni mieux dit. De la dignité sans malice. La perfection de la convenance est presque plus difficile dans les petites occasions que dans les grandes ; vous y avez atteint. Je regrette de ne pas vous avoir entendu sur place.

Nous avons beaucoup causé, Thiers et moi. J’ai dîné chez lui avec Conrad et Henriette à Trouville ; il est venu déjeuner au Val-Richer avec sa femme et sa belle-sœur ; plaisir de conversation, mais vrai plaisir ; il est très agréable de se trouver d’accord avec les gens d’esprit contre qui on s’est tant battu. Villemain va réellement mieux ; mon fils, qui vient de m’arriver, l’a vu, a causé avec lui une demi-heure et l’a trouvé tout entier d’esprit, quoique très brisé de corps. Werner de Mérode me donne aussi d’un peu meilleures nouvelles de Montalembert, encore bien gravement malade, mais non sans espérance.

Je le regretterais bien vivement. En dépit de sa mobilité, je l’ai toujours honoré et aimé ; c’est une nature noble et sincère et un talent original et infatigable.

Je travaille ; j’écris sans distraction le huitième et dernier volume de mes Mémoires ; je viens de terminer le premier chapitre, le Gouvernement parlementaire, et j’aurai terminé dans quinze jours le second, les Mariages espagnols. Je n’ose pas dire à quel point je trouve que nous avons eu raison ; je ne m’en gênerai pourtant pas.


Val-Richer, 22 novembre 1866.

Je suis bien en retard avec vous, mon cher confrère ; j’ai eu beaucoup de visiteurs, et j’ai beaucoup travaillé. Je vous présume rentré à Paris ; j’irai y passer les trois derniers jours de la semaine prochaine et j’espère bien vous y voir. J’ajourne donc