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valeur inestimable et changer un succès en une brillante victoire ou convertir une retraite en déroute.

« L’esprit cavalier, l’esprit d’audace et de sacrifice doit être maintenu à tout prix dans nos formations montées, et c’est pour ce motif que notre cavalerie doit être armée avec un sabre attaché à la selle, car il n’en est fait usage qu’à cheval, tandis que le fusil, qui n’est presque jamais employé qu’à pied, doit être porté par le cavalier en personne.

« En raison des considérations précédentes, et en réfléchissant sur l’expérience acquise dans la guerre américaine de Sécession et celle du Sud-africain, je croirais manquer à mon devoir si je n’insistais pas sur ce fait, qu’il est maintenant indispensable que tout chef utilise à l’extrême le feu d’artillerie et de mousqueterie dont il dispose et prépare ainsi la voie à l’action du choc qu’il emploiera quand le moment sera venu.

« La manière dont le feu d’artillerie et de mousqueterie sera employé dans chaque cas particulier doit, dans une large mesure, être laissée à l’initiative des différens chefs, mais je demande instamment aux officiers de cavalerie de chasser de leur esprit l’idée que, quand de la cavalerie est opposée à de la cavalerie, ils ne sauraient employer le combat à pied, sans porter atteinte au prestige de l’arme. Rien ne serait dans l’avenir plus fatal à son succès. Je puis prédire avec confiance que le chef qui fera de son feu un usage intelligent, battra (cæteris paribus) le chef qui aura tenu en mépris l’action par le feu, ou qui n’aura pas su comment se servir utilement de l’arme meurtrière qui va être mise dans les mains de nos cavaliers. »

Ces lignes constituent la préface du dernier règlement de la cavalerie anglaise. Nos officiers de cavalerie ne sauraient trop les méditer.


NEGRIER.