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d’indiquer le sommaire de cette organisation, il est utile d’examiner les doctrines allemandes ; nous verrons ainsi dans quelles limites il convient d’en tenir compte.

Ces doctrines ont été mises en lumière par la récente et remarquable étude du général von Bernardin : La cavalerie dans la guerre future. En voici le résumé.

La cavalerie est l’arme essentielle des opérations stratégiques. Si, sous certains rapports, son action s’est trouvée réduite par les conditions nouvelles de la guerre, en revanche, son activité peut s’exercer sur un champ plus large que par le passé. Les immenses armées de nos jours dépendent de leurs magasins, par conséquent des chemins de fer, car les ressources des pays où elles séjournent sont tout de suite épuisées. Les chemins de fer ont donc pris une importance capitale, mais leur développement, le mécanisme délicat que comporte leur fonctionnement, les rend particulièrement vulnérables. Certes, les chemins de fer seront gardés avec soin, mais on peut concevoir qu’un corps de cavalerie qui aura réussi à tourner l’aile d’un dispositif ou à profiter d’un vide sur le front, puisse en peu de temps produire des effets désastreux. À cette fin, il doit être organisé de manière à pouvoir briser les résistances et mettre hors de service pour de longs jours une ligne de fer essentielle. La guerre russo-japonaise donne un exemple d’une opération de cet ordre.

L’armée japonaise, déployée sur la rive gauche du Chaho, tirait une grande partie de ses approvisionnemens de Yinkéou Newchouang par le chemin de fer. Au mois de janvier 1905, le général Kouropatkine entreprit de couper cette ligne de communication. Une force d’environ 5 000 cavaliers avec 6 batteries d’artillerie et des détachemens montés du génie sous les ordres du général Mitchenko se met en mouvement le 8 janvier, contourne la gauche japonaise, entre en contact le 10 avec des détachemens ennemis qui couvrent le chemin de fer, les chasse et attaque le 12 la station de Yinkéou. Là, quelques magasins sont brûlés, le pont de Tachikiao est endommagé, mais la résistance d’un millier de Japonais sans artillerie ne peut être brisée et l’opération échoue. Il est certain que la réussite de l’opération pouvait avoir sur l’issue de la campagne une influence considérable.

Un des plus grands services que pourra rendre la cavalerie sera d’attaquer les communications. Les armées en dépendent