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manquaient d’une arme indispensable dans les entreprises contre les chemins de fer, c’est le mortier ou l’obusier léger, qui seul peut rendre un village intenable, réduire un retranchement et briser rapidement l’obstacle rencontré. Une artillerie de petit calibre, quelque rapide que soit son tir, très puissante contre des troupes à découvert, est incapable de réduire des ouvrages de campagne. Les trente-six canons, mis en batterie devant la station de Yinkéou, n’avaient pas d’artillerie en face d’eux, ils étaient dans la plénitude de leurs moyens d’action, et cependant, ils ont été insuffisans comme l’avait été l’artillerie du général Samzonoff à l’attaque du village de Sénoutchen. La question est jugée. La cavalerie, lorsqu’elle devra opérer contre les chemins de fer, devra être accompagnée d’une artillerie tirant un obus à grande capacité, chargé en poudre brisante. Les progrès de l’artillerie le permettent. Les cavaliers auront en outre des baïonnettes comme Napoléon l’avait ordonné dans le décret du 12 février 1812.

Nulle part nous ne voyons l’occasion d’appliquer les évolutions et les manœuvres composées chères à l’ancienne école. Dès lors, quelle est l’utilité de nos évolutions de brigade ? Nous pouvons dire que chaque année ces évolutions se résument en temps perdu et en argent inutilement dépensé. Ne serait-il pas mieux de le consacrer à des tirs de combat, précédés d’exercices de tirailleurs ?

Dans le Sud-Oranais comme au Maroc, en dehors du bel exemple d’entrain et de bravoure qu’elle a donné à toutes les troupes, notre cavalerie n’a guère pu agir utilement. Certaines charges exécutées contre des fantassins qui ne se donnaient même pas la peine de se grouper pour les repousser ont fait subir des pertes que les résultats obtenus n’ont, pas justifiées. Pour être employés avec quelque efficacité, nos cavaliers ont dû presque toujours mettre pied à terre.

Ecartons les articles fantaisistes des journaux sûrs de plaire aux lecteurs en racontant des charges et des carnages. Les comptes rendus des témoins oculaires remettent les choses au point. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le récit du combat de Souk-el-tnin (29 février) dans le Temps du 5 juillet 1908.

De tout ce qui précède il résulte que nous devons voir dans le combat à pied le procédé de combat essentiel de la cavalerie. Il faut donc l’organiser en vue de ce combat. Mais avant