appelle ailleurs les droits acquis y est subordonné et sacrifié au plus capricieux favoritisme. Aussi le mécontentement y est-il général. Il paraît avoir augmenté, depuis quelque temps, par suite des intrusions policières, c’est-à-dire du régime de surveillance individuelle et de délation dont le corps des officiers a été l’objet ; et ce fait prouve que le gouvernement connaissait le danger, ou du moins qu’il s’efforçait de le bien connaître ; mais les moyens dont il s’est servi pour en diagnostiquer le caractère l’ont encore aggravé. Donc, la situation se gâtait en Macédoine ; les bandes commençaient à circuler ; l’Europe présentait un front assombri derrière lequel quelque chose se préparait, probablement de vieux remèdes à ce qu’on regardait comme un vieux mal. Tout d’un coup la révolte militaire a éclaté. Au moment où le gouvernement ottoman avait le plus grand besoin de son concours, l’armée a laissé apparaître les ravages profonds que la propagande jeune-turque avait faits dans ses rangs. En quelques jours, la Macédoine tout entière a appartenu à l’insurrection. La consternation a été grande à Constantinople. La première idée du Sultan a été de mobiliser les troupes d’Asie pour les transporter en Europe ; mais on s’est aperçu tout de suite qu’elles étaient prêtes à passer à l’insurrection. De quelque côté qu’il se tournât, le Sultan constatait que tout lui manquait à la fois.
Nous ne raconterons pas les faits en détail : les journaux en ont été remplis. Il suffit de citer le premier et le dernier incidens qui se sont produits à Monastir, point sur lequel les insurgés ont fait converger leur principal effort. Le général Chemsi pacha venait d’y prendre le commandement de la place ; il avait réuni ses troupes pour leur donner lecture d’un ordre du Sultan, lorsqu’une vive fusillade a éclaté, et le général est tombé percé de coups. Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Il commence à devenir difficile de compter les cadavres. Les assassinats et les tentatives d’assassinat se multiplient. La vie de tous les officiers fidèles au régime établi est menacée, et plusieurs ont déjà succombé. Ceux qu’on accuse d’avoir surveillé et dénoncé leurs collègues sont l’objet de vengeances encore plus nombreuses. On ne sait, on ne veut pas savoir d’où partent les balles qui les atteignent, tantôt, en plein jour, à la tête de leurs troupes, tantôt, le soir au coin d’une rue. On assiste à un renouvellement de l’histoire des anciennes conspirations. Celle d’aujourd’hui a-t-elle un chef ? On ne le sait pas encore d’une façon certaine. Le nom qu’on entend prononcer le plus souvent est celui du major Niazi effendi, qui semble avoir levé le premier l’étendard de la révolte et s’est réfugié à