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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Nous n’exprimons pas un sentiment banal, un sentiment protocolaire, en disant que la France entière suit avec un intérêt qui n’est pas exempt de quelque émotion les détails du voyage de M. le président de la République dans les pays du Nord. Partout, M. Fallières est reçu avec une cordialité évidente, et ce n’est pas à l’homme lui-même, bien qu’il en soit digne, que s’adressent ces manifestations, mais à la France. Plusieurs de nos présidens s’étaient déjà rendus en Russie par la Baltique et avaient fait quelques arrêts en route ; mais c’est la première fois que la tournée, qu’on nous passe le mot, est aussi complète, et que le vaisseau présidentiel fait successivement escale à Copenhague, à Stockholm, à Reval et enfin à Christiania.

La situation générale actuelle, avec tous les intérêts et tous les sentimens qui s’y rattachent, suffit, certes, pour donner une haute portée au voyage de notre président, et il ne’ saurait nous être indifférent de recueillir les sympathies des gouvernemens et des peuples ; mais que de souvenirs M. Fallières ne rencontre-t-il pas sur son chemin ! Le Danemark et la Suède ont été très étroitement mêlés à notre propre histoire. Le Danemark a même payé assez cher la fidélité qu’il nous a témoignée pour avoir droit à toute notre reconnaissance ; et la communauté des malheurs que nous avons éprouvés, lui et nous, par la suite, semble nous avoir unis par un lien nouveau. Quant à la Suède, elle a été maintes fois notre amie ou notre alliée depuis Gustave-Adolphe. Chacun des deux pays a suivi plus tard ses destinées distinctes, mais, depuis longtemps, aucun dissentiment ne les a séparés. Nous ne parlons pas de la Norvège, qui a partagé le sort, tantôt de la Suède, tantôt du Danemark, et qui a finalement revendiqué son indépendance ; elle est à ses débuts comme nation et