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de cette nation vis-à-vis du droit des gens doit être à l’avenir plutôt dirigée vers le maintien et le développement des droits des neutres. Ce serait une erreur de baser ce changement sur le principe que, dans l’avenir, nous serions plutôt neutres que belligérans parce que, si pacifiques que soient nos désirs, la chance d’être engagés dans une guerre dépend plus des autres que de nous-mêmes. Mais il faut l’appuyer sur cette idée qu’en cas de guerre, les choses nécessaires à l’existence nous seraient très largement portées sous pavillon neutre[1]. » Et, dès lors, ce n’est pas seulement la restriction de la contrebande, c’est son abolition qu’il propose. Idée qui n’a rien de nouveau, sans doute. De Bar en Allemagne, Lorimer en Écosse l’avaient déjà développée. Quand une nation se mesure avec une autre au grand jeu de la guerre, n’est-il pas juste que toutes ses forces, — faculté de crédit, puissance d’achat, — se déploient en vue du résultat final : l’exacte comparaison d’une nation avec une autre nation ? Et n’est-ce pas un Anglais, Ruskin, qui l’a dit : la guerre, comme le sport, doit déterminer le meilleur ? Mais d’étendre cette idée jusqu’à la faculté d’acheter des armes, des munitions, des pièces de navires, nul juriste anglais n’en avait eu l’audace, ou plutôt l’indépendance.

La contrebande limitée par des définitions nouvelles, paralysée par l’usage du convoi, même entièrement supprimée, la Grande-Bretagne est-elle définitivement rassurée ? Pas encore. Nous avons entendu jusqu’ici les jurisconsultes. Ecoutons les marchands, les assureurs, les armateurs. Serons-nous sauvés, demandent-ils, si les vivres et les matières premières nous arrivent librement par les neutres ? Non, car, actuellement, c’est le pavillon anglais qui les mène aux ports britanniques. Le ravitaillement de l’Angleterre se fait par produits étrangers, mais sur navires anglais : il ne suffit donc pas de mettre à l’abri la marchandise neutre par l’abolition de la contrebande, il faut encore protéger le pavillon national par l’abolition du droit de prise. Et dès lors, tous, marchands, assureurs, armateurs, s’unissent pour en demander la suppression en attendant qu’après l’enquête, sir John Macdonell, M. Robertson, sir Robert Reid, aujourd’hui lord chancelier (lord Loreburn), la réclament également. Et le mouvement de liberté, qui, de

  1. Report supra cit., III, Appendices, p. 257.