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États-Unis restent tièdes sur la limitation des arméniens, et réservés sur l’arbitrage obligatoire. Regardant vers l’Océan, ils se plaignent que le droit de la guerre maritime soit variable avec les nations et que leur Naval War Code de 1900 ait dû être rapporté peu après, par suite de cette incertitude. Champions historiques du respect de la propriété privée ennemie, dont ils ont déjà saisi la première conférence, l’heure est venue pour eux d’en reprendre la demande. Belligérans éventuels, l’Angleterre et l’Allemagne se préparent à faire du droit des gens, par chacune tourné dans son intérêt propre, un allié complaisant et partial. Après les multiples incidens de la guerre russo-japonaise, la France ne craint pas d’avoir à justifier sa traditionnelle hospitalité maritime. Enfin toutes les nations marchandes sont impatientes de fixer, d’une manière, plus précise et moins lourde, le régime de leur neutralité.

La Conférence se partage en quatre commissions. Dans toutes, la guerre maritime pénètre : dans la première, celle de l’arbitrage, par le grand projet d’une Cour internationale des prises ; dans la seconde, celle de la guerre terrestre, par la commune question de la déclaration. Enfin, la troisième et la quatrième forment, pour la guerre maritime, une commission unique, dédoublée sous les deux présidences d’un diplomate juriste, le regretté comte Tornielli, et d’un juriste diplomate, M. de Martens.

Mines, bombardemens, hospitalité neutre (3e commission) ; régime du commerce ennemi et du commerce neutre (4e commission) : tels sont les points essentiels d’un programme, où tout le droit de la guerre maritime est inclus. Ainsi, la deuxième conférence de La Haye donne, pour sa plus grande part, l’impression d’un congrès maritime inscrit dans une conférence de la paix. Et, sans doute, on eût pu faire de ces questions un examen séparé. Mais les grouper dans le cadre humanitaire de l’œuvre pacifique, c’était les envelopper d’une lumière d’idéal qui devait en montrer la vraie solution.

A la quatrième commission, M. de Martens eut un heureux mouvement. Dans une noble allocution, il évoqua le Dieu de la paix, dieu inconnu, disait-il, qui, après avoir inspiré les délégués en 1899, dans la maison du Bois, devait les inspirer encore en 1907, dans la salle des Chevaliers.

Quelle vision d’équité, dans la guerre maritime, montrait aux nations ce Dieu de la paix ?