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LA GUERRE MARITIME
APRÈS
LA NOUVELLE CONFÉRENCE DE LA PAIX[1]

Issues d’une dangereuse alliance de l’esprit de chimère et de l’esprit de progrès, les Conférences de la Paix éliminent heureusement leur initiale utopie. Plus encore que la première, du 18 mai au 29 juillet 4899, la deuxième, du 15 juin au 18 octobre 1907, n’a cessé d’affirmer un sens précisée l’effort utile. Se dérobant aux suggestions pacifistes, elle n’accorde à la limitation des arméniens, proclamée grandement désirable en 1899, hautement désirable en 1907, qu’une attention indifférente et lointaine, négligemment fixée dans un vœu sceptique, dont la molle formule cherche moins à flatter les amateurs de mirages qu’à leur adoucir la peine de l’illusion déçue. Désirant fortifier l’arbitrage, instrument de droit, avec l’arrière-pensée de faire du droit, plus tard, un instrument de paix, elle s’attache à le développer, mais avec patience et prudence. Épisode important, l’arbitrage, en 1907, n’est qu’un épisode. Sur le grand dessein d’un traité mondial, mettant en œuvre le principe,

  1. Les procès-verbaux de la Conférence, encore inédits, comprennent plus de 836 documens, dont le gouvernement néerlandais commence en ce moment la publication. L’Allemagne a donné sur la Conférence un livre blanc (Weissbuch über die Ergebnisse der zweiten internationalen Friedenskonferenz, 6 décembre 1907) et l’Angleterre un livre bleu (Blue Book, n° 1, 1908 : Correspondence respecting the second Peace Conference). Un livre jaune vient de paraître, en juillet. Cpr. Fried, die zweite Haagerkonferenz, Leipzig, 1908.