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Comment est organisée et fonctionne la Confédération générale du Travail ? Il suffit de l’indiquer brièvement. Elle a un Comité Confédéral à Paris, qui se réunit tous les trois mois, et un Bureau Confédéral qui, lui, siège en permanence et se compose de sept secrétaires ; ce sont ces sept personnages qui, en fait, jouissent de l’omnipotence. Elle envoie constamment en mission des délégués, pour susciter des conflits entre patrons et ouvriers ou les aigrir : ces délégués sont presque toujours les mêmes et possèdent une grande expérience du milieu ouvrier ; ils jouissent de la notoriété et de l’autorité acquise par leurs services antérieurs. La Confédération possède un journal : la Voix du Peuple, qui ne paraît pas compter plus de 1 200 à 1 500 abonnés et qui vit à très peu de frais.

C’est également à très peu de frais, ce qui n’est pas un mince mérite, que fonctionne tout l’organisme de la Confédération. Ses ressources matérielles paraissent très restreintes : elles proviennent des cotisations des Bourses du travail ou des Unions des syndicats divers à raison de 35 centimes par syndicat les composant, et par mois, et de celles des Fédérations d’industries, de métiers et de syndicats nationaux à raison de 40 centimes pour 100 membres et par mois ; quant aux syndicats isolés, ils doivent verser mensuellement 5 centimes par membre ; mais il s’en faut, autant qu’on en peut juger, que ces cotisations rentrent régulièrement : cette Confédération générale du Travail, qui jouit d’une si grande puissance perturbatrice, paraît ne disposer que d’un budget d’une cinquantaine de mille francs par an. Son état-major peu nombreux se contente de rémunérations très modestes ; il trouve sa satisfaction dans l’autorité qui lui est acquise, dans la réputation, l’espèce de gloire que les journaux font à ses membres ; on remarque que jamais il n’a sollicité de mandats quelconques, politiques ou municipaux ; cette sorte de désintéressement grandit singulièrement son prestige.

La puissance de la Confédération générale du Travail tient surtout à la fascination qu’elle exerce sur les imaginations populaires. Le nombre de ses adhérens est relativement peu étendu. D’après les chiffres recueillis par M. Mermeix, les ouvriers de l’industrie (la population agricole laissée en dehors) seraient au nombre d’un peu plus de six millions : on compterait, au 1er janvier 1906, 4 857 syndicats ouvriers, ayant 836 034 membres ; le nombre des syndicats affiliés à la Confédération générale du