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que l’union fait la force. Les instituteurs, poussés d’ailleurs par les pouvoirs publics qui pensaient en tirer avantage au point de vue de la démocratisation du corps et de l’influence électorale, ont constitué dans chaque département des « Amicales, » associations professionnelles visant d’abord un but intellectuel et moral, mais bientôt se préoccupant de défendre, non seulement les intérêts corporatifs des membres, mais les intérêts professionnels spéciaux de chacun d’eux. Puis, ces « amicales départementales, » pour se donner plus de force, ont tendu à se fédérer, ensuite à se constituer en véritables syndicats d’après la loi de 1884. Le gouvernement alors a commencé de s’inquiéter, sentant que son autorité sur ses agens allait s’amoindrir, sinon disparaître. Le personnel d’autres grandes administrations publiques a agi de même, notamment celui des Postes, Télégraphes et Téléphones, avec moins de retenue. Les fonctionnaires et agens gouvernementaux, faisant chaque jour un pas de plus pour se constituer en administrations autonomes, chargées, moyennant une sorte de forfait, d’ailleurs révisable et améliorable à leur profit, d’un grand service public, se sont pris à penser que s’ils s’alliaient aux ouvriers et s’ils contribuaient à constituer une représentation permanente et énergique de tout le prolétariat ou de tout ce qui abrite sous ce drapeau ses intérêts privés, ils auraient plus de chances de succès. Des relations s’établirent facilement entre eux et la Confédération générale du Travail.

Au mois d’avril 1908, le Congrès des P. T. T., c’est-à-dire des sous-agens (facteurs et employés inférieurs) des Postes, Télégraphes et Téléphones, après une longue discussion sur des questions diverses, a entendu un rapport sur le projet d’adhésion du syndicat à la C. G. T. ; puis, à une forte majorité, il a voté un ordre du jour décidant en principe l’adhésion à cette Confédération et chargeant les membres du Conseil syndical de faire le nécessaire. Voici cet ordre du jour, qui est significatif[1] :


Le Congrès du Syndicat national des sous-agens des postes, télégraphes et téléphones,

Considérant que la Confédération générale du Travail est l’expression vivante et agissante de la solidarité prolétarienne ;

Qu’elle est actuellement le trait d’union indispensable entre toutes les organisations syndicales ;

  1. Voyez le Matin du 20 avril 1908 et le Temps de la même date.